EDITO
Auteur(s) : Tanit Halfon
Que se passe-t-il au sein de la population étudiante de nos quatre écoles nationales vétérinaires ? En septembre 2022, l’association Vétos-Entraide avait dévoilé les résultats d’une enquête menée en 20181, qui montrait l’existence d’un état de mal-être des étudiants, pouvant aller jusqu’à une remise en question de leurs capacités et ambitions professionnelles. Ce constat reste prégnant, révèle une nouvelle fois l’association, sur la base d’une seconde enquête réalisée en 20222. Le sujet est délicat. Au-delà de la nécessaire prise en charge des étudiants en souffrance, avec des dispositifs adaptés et efficaces, il questionne forcément les usages et pratiques en cours dans les écoles. De simples ajustements seraient-ils suffisants pour prévenir le mal-être étudiant ? Ou faudrait-il envisager des changements plus structurels, par exemple ayant trait aux méthodes pédagogiques ou à l’organisation du cursus ? À la suite de la première enquête, les directions des écoles avaient souligné leur mobilisation3 continue et évolutive pour accompagner les élèves durant le cursus. Il n’empêche : pour l’association Vétos-Entraide, les étudiants envoient encore une fois un signal fort qui doit être entendu, nonobstant les moyens déjà mis en place, et permettre d’affiner le diagnostic, et donc les axes de solution. Il n’y a pas de temps à perdre : « À quoi bon augmenter le nombre d’étudiants vétérinaires si une proportion significative songe à quitter la profession dès l’obtention du diplôme ? », met en garde Vétos-Entraide. Faut-il ajouter que la prévention des risques psychosociaux et un traitement adapté servent aussi à lutter contre le suicide ? Rappelons que chez nos collègues médecins, la dernière enquête menée en 20214 dans la population étudiante avait montré que 19 % avaient eu des idées suicidaires ; et, chaque année, des internes passent à l’acte. Si le cursus vétérinaire semble plus épargné, dans l’enquête de 2018, 11,1 % des répondants avaient indiqué avoir pensé à se faire du mal ou l’avoir déjà fait ponctuellement. Trente-neuf pour cent étaient concernés par la dépression majeure5, qui peut alimenter des idéations suicidaires.