Filière cunicole
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Tanit Halfon
Face à une dynamique de consommation en berne, l’amélioration du logement est un enjeu majeur d’avenir pour la filière cunicole, estiment les auteurs d’un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux sur le sujet.
La filière cunicole traverse une crise structurelle depuis plusieurs années : baisse de la consommation (- 5 % par an en moyenne de 2016 à 2020), baisse de la production (- 11,3 % d’éleveurs depuis 2017 ; 40 % d’éleveurs en retraite d’ici à cinq ans), exploitations vieillissantes (30 % de bâtiments vétustes difficilement vendables), créations d’élevage anecdotique, peu de reprises. Malgré ce contexte, elle a la capacité de rebondir. C’est ce qui ressort d’un récent rapport* du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), qui avait été saisi par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire pour mener une mission d’appui stratégique pour la filière. Premier point pour y parvenir : faire évoluer les logements des lapins d’engraissement. Il s’agirait de faire évoluer les systèmes conventionnels pour passer de systèmes de cages à des parcs collectifs et jardins d’hiver.
Actuellement, plus de 90 % des élevages sont conventionnels avec des cages hors sol dans des bâtiments (500 à 600 cm2 par lapin de chair ; lapines dans des cages individuelles). Le reste de l’élevage est assuré par le label Rouge et l’agriculture biologique. Toutefois, des évolutions sont déjà en cours avec des initiatives privées qui se développent (voir photos).
Un premier palier à 30 % de logements alternatifs
Ces évolutions ne s’inscrivent dans aucune réglementation : il n’existe pas de règlement européen spécifique au lapin. Mais une nouvelle réglementation sur le bien-être animal est en cours de discussion en Europe avec une échéance prévue en 2023 et qui visera potentiellement la fin des systèmes de cages. En revanche, le plan filière 2018-2022 lancé par la filière cunicole française avait déjà fixé un objectif de 25 % d’élevages alternatifs d’ici à 2022. Cela n’a pas été atteint puisqu’on serait aux alentours de 8 % en 2022.
Pour les experts du CGAAER, il s’agirait déjà de fixer un premier objectif de 30 % de logements alternatifs « à une échéance proche à préciser ». Cette première étape est essentielle pour « relancer la consommation et l’installation de nouveaux éleveurs ». Cette transition doit être soutenue « techniquement et financièrement » par les abatteurs.
Une transition au long cours
De manière générale, entrer dans une nouvelle dynamique positive ne pourra se faire sans une mobilisation collective, au-delà du secteur de l’élevage. Pour les experts, il s’agit notamment de renforcer la relation avec la grande distribution pour renforcer les actes d’achat, sachant que les enquêtes révèlent que les principaux consommateurs sont âgés de plus de 50 ans. L’évolution des logements pourrait jouer sur l’acte d’achat, tout comme la présentation de produits faciles à préparer.
De la même manière, il s’agirait également d’améliorer les liens entre industriels et collectivités pour développer la part de viande de lapin dans la restauration collective. Une contractualisation entre éleveurs, abatteurs-transformateurs, distributeurs, dans le cadre de la loi Egalim 2, semble nécessaire pour sécuriser les investissements pour la transition des logements, le surcoût de production étant estimé entre 15 et 30 % (sept à douze ans pour amortir les investissements). D’autres mesures sont évoquées : rapprochement avec les professionnels des filières des autres pays européens, définir un établissement référent par région et ouvrir les exploitations au public afin de susciter des vocations (mais aussi des stages et des contrats d’apprentissage), défendre l’intégration de l’élevage de lapins dans les activités susceptibles d’avoir un accompagnement financier dans le futur règlement européen de 2023.
Cette transition ne pourra se faire que si l’ensemble des partenaires acceptent le fait qu’elle se fera forcément sur le long terme.