Alimentation
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Clothilde Barde Article rédigé d’après le poster présenté lors des Journées 3R des 7 et 8 décembre 20221
Les arbres fournissent de nombreux services écosystémiques aux agrosystèmes en permettant une séquestration du carbone, une conservation de la biodiversité ou une épuration de l’eau par exemple2. En outre, des études montrent qu’en élevage, les arbres peuvent constituer un levier face au changement climatique car leur ombre portée protège les animaux et les cultures fourragères. Leurs feuilles et leurs jeunes branches peuvent également fournir un fourrage de qualité lorsque la production des prairies est trop faible3. Cependant, les chercheurs disposent actuellement de peu de connaissances sur le comportement alimentaire des bovins pâturant des arbres de milieu tempéré. C’est pourquoi, dans l’étude présentée ici, les chercheurs se sont intéressés aux préférences alimentaires de vaches laitières face à quatre espèces d’arbres fourragers de milieu tempéré.
Divers arbres fourragers à l’étude
Ainsi, en juillet 2021, le comportement alimentaire d’un troupeau de 12 vaches laitières (101 ± 17 jours de lactation) a été observé sur une parcelle agroforestière comprenant des aulnes de Corse (Alnus cordata), des frênes communs (Fraxinus excelsior), des mûriers blancs (Morus alba) et des ormes Lutèce (Ulmus ‘Nanguen’). Toutes les quatre minutes, les observateurs ont scanné les arbres et noté si des vaches s’y alimentaient (550 scans par arbre, soit un total de 92 400 scans). Avec un modèle linéaire généralisé à effets mixtes, les préférences alimentaires des bovins ont été déterminées. Il semble que les vaches montrent une préférence significative pour l’orme Lutèce (280 consommations, soit 60 % des consommations d’arbres), puis pour le mûrier blanc (128 consommations, soit 27 % des consommations d’arbres), pour le frêne (31 consommations, soit 7 % des consommations d’arbres) et pour l’aulne de Corse (28 consommations, soit 6 % des consommations d’arbres).
Des préférences visibles
Comme le remarquent les chercheurs, ces résultats confirment que, à l’instar de leur préférence alimentaire vis-à-vis d’espèces d’herbacées4, les vaches préfèrent certaines espèces d’arbres. À l’instar d’une précédente étude5 de 2018, le frêne, en dépit de sa bonne valeur nutritive, a été très peu pâturé3. Selon les chercheurs, ce résultat pourrait s’expliquer par un manque d’habitude des vaches, qui découvraient cet arbre pour la première fois, ou par des compositions chimiques différentes entre les frênes directement pâturés et ceux fournis aux animaux dans les bâtiments d’élevage, ou encore par la diversité d’arbres fourragers offerte aux vaches dans cette étude. En effet, les différentes espèces peuvent présenter des propriétés chimiques (goût, odeur) et physiques (texture, facilité de préhension) plus ou moins favorables à la consommation des vaches. Pour confirmer ces résultats et pouvoir inclure les arbres dans la conception des systèmes fourragers, de futures études sont encore nécessaires.