Bien-être
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Tanit Halfon
Taille et aménagement de la cage, substrat de litière, distribution d’eau et de nourriture… Une dizaine de points clés de l’hébergement du rat sont abordés dans un consensus d’experts.
Quelles seraient les conditions idéales d’hébergement pour un rat de compagnie ? Une étude*, publiée dans VetRecord en 2022, s’est penchée sur cette question. Étant donné le faible nombre de données scientifiques sur le sujet, si ce n’est celles relatives au logement du rat de laboratoire, la méthode choisie a été de réunir seize experts pour établir de manière consensuelle l’ensemble des lignes directrices. Plusieurs profils ont été sollicités, sur la base de critères d’expertise prédéfinis : des vétérinaires et des infirmières vétérinaires ayant des qualifications spécifiques pour cette espèce animale et/ou ayant contribué à des écrits sur le sujet ; des scientifiques spécialisés dans le bien-être des animaux (dont ceux en recherche animale) ayant publié sur le rat ; et des propriétaires expérimentés (plus de trois ans de détention de rats) ayant aussi une expérience supplémentaire de l’animal en dehors de la maison (travail en tant que technicien de laboratoire par exemple, blog sur le rat…). L’élaboration des recommandations s’est faite en trois étapes. Dans la première, l’objectif était d’identifier les caractéristiques clés à prendre en compte dans un logement. Plusieurs photos de cages ont été soumises aux experts qui ont été invités à les noter selon le niveau associé de bien-être, en argumentant leur notation. Dans un deuxième temps, chaque caractéristique identifiée a été analysée par le biais de questions afin d’évaluer son niveau d’implication dans le bien-être du rat. Sur la base des données analysées lors de ces deux premières étapes, une proposition de lignes directrices a été élaborée et soumise aux experts (8 experts), pour des dernières modifications. Toute l’analyse des conditions de logement s’est appuyée sur le principe des cinq libertés.
Enrichir le milieu de vie
Au final, ce sont 14 facteurs clés qui sont passés en revue (voir encadré). Pour chacun d’entre eux est détaillée leur mise en œuvre sur la base de deux à quatre rats par cage. En ce qui concerne la taille de la cage et son aménagement, l’espace disponible doit être suffisamment grand en largeur et en hauteur pour que le rat puisse se mouvoir (courir), participer à des activités sociales et explorer son environnement sur plusieurs niveaux (grimper…). Au moins deux étages sont conseillés, et des hamacs peuvent être utilisés pour créer des niveaux supplémentaires. Aucun consensus n’a été trouvé pour les dimensions idéales de la cage.
Tout un travail d’enrichissement est à réaliser pour satisfaire l’expression des comportements naturels, avec différents espaces distincts à créer dans la cage : grande roue de course sur le sol (Ø > 40,5 cm), objets d’escalade pour faire de l’exercice (cordes, échelles, plateformes, branches), zones de refuge multiples et assez grandes pour accueillir plusieurs rats (boîtes en carton, hamacs fermés, cachettes en plastique – refuges lavables ou jetables), objets en bois pour ronger. La nourriture dispersée dans la cage ou les jouets de recherche de nourriture sont également utiles pour stimuler l’exercice. De manière générale, il faut tendre vers un environnement complexe : cela peut passer par l’ajout d’éléments d’enrichissement par périodes. En revanche, les zones de refuge, elles, doivent rester fixes. De plus, il convient de laisser les rats libres en dehors de leur cage une à deux heures par jour, dans un espace sécurisé avec des zones de refuge. Cet environnement sera à adapter aux rats âgés et infirmes : par exemple, privilégier les rampes plutôt que les cordes.
Réfléchir à la litière et à l’emplacement de la cage
Pour la litière, elle doit être non poussiéreuse, non parfumée et absorbante, comme la terre de coco, les copeaux de tremble ou le papier compressé, à disposer sur l’ensemble du sol de la cage afin de permettre de creuser, de s’enterrer, de chercher la nourriture… Elle doit être nettoyée régulièrement. Elle ne doit pas être à l’origine de blessures. Pour la fouille, en plus de la litière, il est conseillé d’ajouter des boîtes de fouille remplies de terre de coco ou de papiers découpés sur une profondeur d’au moins une longueur de corps. Les matériaux de nidification doivent être doux, absorbants, avec des longues bandes, comme la laine de papier ou du papier coupé en plus. Les papiers non souillés ne doivent pas être remplacés lors du nettoyage de la cage. Plusieurs zones d’eau et de nourriture sont nécessaires pour limiter les agressions. Préférer les dispositifs pour cacher la nourriture aux bols.
La cage elle-même doit permettre un nettoyage facile, une bonne ventilation et limiter le risque de blessure par ingestion, par constriction ou par coincement des griffes/dents : l’idéal est la cage avec un sol solide en plastique, à barreaux métalliques. Limiter le risque de blessure passe également par le contrôle des matériaux (pas de bords tranchants, pas de chaînes métalliques, pas de zinc sur les barreaux au risque de toxicose métallique…). Les hamacs sont des « brise-chutes » adaptés car souples. La cage ne doit pas être placée dans une zone de courant d’air ou de froid/chaud, ou trop proche d’une source d’éclairage ou de bruits, notamment ultrasoniques (téléviseur, équipements électroniques…) ou tout autre facteur stress (chat).
Les 14 points clés pour l’hébergement
- Considérer l’âge et l’agilité du rat.
- Mettre à disposition un environnement complexe à plusieurs niveaux.
- Donner la possibilité de creuser.
- Distribuer plusieurs bols de nourriture/aires d’alimentation.
- Distribuer plusieurs points d’eau.
- Favoriser l’exercice.
- Mettre à disposition des zones de refuge.
- Avoir une cage avec un espace horizontal suffisant.
- Avoir une cage avec un espace vertical suffisant.
- Fournir une litière appropriée.
- Fournir des substrats de nidification appropriés.
- Avoir des matériaux adaptés à la construction de la cage.
- Éviter le risque de blessure.
- Réfléchir à l’emplacement de la cage.