Les maladies à transmission vectorielle en ligne de mire - La Semaine Vétérinaire n° 1985 du 14/04/2023
La Semaine Vétérinaire n° 1985 du 14/04/2023

Santé publique

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Par Marine Neveux

Le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires appelle à une vigilance accrue des arboviroses et de leurs vecteurs en raison de l’accroissement vraisemblable des cas autochtones dans les années à venir.

À l’occasion d’une conférence de presse en visio le 5 avril dernier, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) a rendu son avis sur les risques sanitaires de la dengue et autres arboviroses à Aedes en lien avec le changement climatique. Cet avis fait suite à la saisine en septembre dernier des ministres de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de la Santé et de la Prévention.

La dengue est une maladie à transmission vectorielle*. En raison du changement climatique, son vecteur (le moustique-tigre) s’est propagé sur le territoire métropolitain, « mais pas seulement, rappelle Brigitte Autran, immunologiste et présidente du Covars, les cas importés surviennent en raison de l’augmentation des mouvements de populations avec les voyages, et il existe aussi des cas autochtones ».

Les maladies à transmission vectorielles (comme la dengue, Zika, chikungunya) sont une préoccupation croissante. Le risque augmente en métropole et il est prégnant dans les territoires ultramarins. « Nous recommandons de faire entrer ces maladies dans le plan d’anticipation de pandémie. » La surveillance des cas est organisée par Santé publique France. « La surveillance est de grande qualité », estime Xavier de Lamballerie, virologue à Marseille (Bouches-du-Rhône), qui dirige le centre des arboviroses. La prévention de ces risques passe également par la surveillance des dons de sang et d’organes. Des recommandations ont été dispensées pour des diagnostics innovants si le renforcement de la détection dans de grandes quantités de sang ou d’organes s’avérait nécessaire.

« L’augmentation des cas de foyers est inéluctable, il est préférable de connaître les moustiques, renchérit Didier Fontenille, entomologiste. Le moustique-tigre est en expansion inéluctable dans l’Hexagone, et Aedes aegypti est devenu résistant aux insecticides. » Il conseille de suivre la résistance des moustiques aux insecticides et d’évaluer l’efficacité et l’impact des actions actuelles (y compris l’impact environnemental).

Le Covars propose de développer le dialogue entre les agences régionales de santé, les collectivités, les associations de citoyen, les chercheurs, les entreprises privées… Il en appelle donc à l’amélioration des dispositifs français de surveillance, d’anticipation et de contrôle de ces arboviroses et de leurs vecteurs, et à des capacités de gestion adaptées pour faire face à l’accroissement vraisemblable des cas autochtones dans les années à venir.

  • * Lire le dossier « Maladies à transmission vectorielle : une surveillance intégrée » de ce numéro en pages 32 à 37.