Travailler plus longtemps en cumul emploi-retraite : bonne ou mauvaise idée ?

Administrateur du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral, praticien mixte à Saint-Mamet-la-Salvetat (Cantal)

Le cumul emploi-retraite est une opportunité

Envisager de céder sa clientèle à un âge encore plus avancé, en travaillant 70 à 80 heures par semaine avec énormément de jours de garde est un ancien mode de fonctionnement qu’aucun jeune praticien ne veut endosser. J’ai choisi la formule d’emploi-retraite, malgré le fait que, jusqu’à présent, je continuais à cotiser sans que cela ne m’ouvre de droit supplémentaire*. La formule était intéressante pour moi car, diplômé à 21 ans, j’ai une carrière longue. Ce statut me permet également de ne pas arrêter trop brutalement une activité que j’adore. Après 65 ans, je trouve donc que le cumul emploi-retraite est une superbe opportunité. Notamment pour transmettre aux jeunes générations, qui préfèrent souvent être « rassurées » dans leurs pratiques. Il est maintenant tout à fait exceptionnel – et sans doute désormais peu recommandable – qu’un jeune crée d’emblée sa structure. La seule dérive potentielle possible que je vois à ce dispositif serait que l’entreprise préfère garder un collaborateur âgé plutôt que d’embaucher un jeune vétérinaire salarié.

Associé cogérant à VPlus, responsable du recrutement (Gironde)

Les candidats seniors sont les bienvenus

Dans le cadre d’un cumul emploi-retraite, je suis actuellement responsable du recrutement à VPlus (une centaine de vétérinaires). Si des praticiens seniors candidatent chez nous, je serais très heureux de leur donner un emploi ! En effet, les vétérinaires juniors préfèrent généralement travailler environ entre 160 et 180 jours par an (contre 200-220 jours autrefois par les générations précédentes). Si j’embauche deux jeunes collaborateurs qui travaillent 40 jours de moins chacun, il me reste 80 jours à attribuer à quelqu’un d’autre. Les employeurs doivent actuellement être « agiles » dans leur façon de calculer de gros temps partiels, car le marché du travail est présentement très favorable aux employés de tous âges. Surtout en exercice rural, mais pas que… Je pense néanmoins que cette situation ne perdurera pas éternellement, car d’ici à trois à cinq ans, on devrait logiquement voir revenir travailler en France une partie des jeunes générations parties se former ailleurs en Europe.

Vice-président de la Fédération vétérinaire européenne

La retraite complémentaire, c’est déjà 65 ans !

Nous préparons une enquête car nous ne savons pas à quels différents âges partent à la retraite les vétérinaires européens. Ni quelles sont leurs obligations de cotisation et pour quel niveau de pension au final. En France, le taux plein de la retraite complémentaire pour un praticien est déjà à partir de 65 ans. Et il y a dans notre profession des vétérinaires qui ne s’arrêtent jamais complètement ! Mais il est certain qu’en activité rurale, à partir d’un certain âge, certaines tâches deviennent physiquement éprouvantes, comme les césariennes. Des confrères essaient déjà de travailler plus tard en se tournant vers une activité mixte ou en canine pure. Dans les chaînes ou les grands groupes, il est possible de travailler, parfois à temps partiel, en management. Plus globalement, on ne peut pas demander aux Français d’accepter un taux de prélèvement obligatoire supérieur (car il atteint déjà un niveau très élevé). Il ne reste donc plus que le levier de l’âge à activer pour maintenir une retraite minimale de base pour tous.

* La réforme des retraites qui vient d’être votée permet désormais au praticien vétérinaire de continuer à acquérir des points retraite s’il est en cumul emploi-retraite.