EXPRESSION
Auteur(s) : Propos recueillis par Chantal Béraud
Le rapport Dombreval, la visite sanitaire obligatoire équine et des changements dans les règlements sportifs font partie des moyens visant à accroître le bien-être animal. En quoi parviennent-ils à faire évoluer, ou pas, les pratiques dans les filières équines ?
Vincent Boureau (N 91)
Vice-président de l’Association vétérinaire équine française, référent bien-être des équidés
Le rapport Dombreval reste lettre morte !
Le guide des bonnes pratiques est devenu le référentiel scientifique pour apporter des réponses pragmatiques à l’application du bien-être équin sur le terrain. Son développement passe par trois étapes principales. D’abord, ne pas nuire, bien traiter l’animal. Les praticiens sont présents pour prêcher la bonne parole, notamment au cours de la visite sanitaire obligatoire. Ensuite, connaître et évaluer les indicateurs du bien-être animal (BEA). À cet égard, l’Association vétérinaire équine française n’est pas favorable à une approche exclusivement normative. Nous préférons plus globalement éduquer le sens de l’observation des détenteurs sur l’état de santé et le comportement du cheval. Enfin, les professionnels doivent réfléchir à la qualité de vie du cheval, de la naissance à sa mort. En résumé : il y a de grands progrès accomplis, car aujourd’hui toute la filière équine a pris conscience de l’importance sociétale et économique de la prise en compte du BEA. D’ailleurs, de nombreux règlements sportifs ont déjà été modifiés (dans le code des courses, par exemple). En revanche, pour l’heure, l’essentiel des 46 recommandations du rapport Dombreval pour l’organisation future des Jeux olympiques de Paris reste lettre morte !
Déborah Bardou
Présidente de la commission BEA de la Fédération française d’équitation, sous-filière « sports et loisirs »
La FFE augmente progressivement ses exigences
La Fédération française d’équitation (FFE) conduit depuis quelques années de nombreuses actions de sensibilisation sur le thème du bien-être animal (BEA), notamment auprès des dirigeants, enseignants, juges, commissaires aux paddocks et cavaliers. Prenons ce qui est fait en matière de compétition. Le règlement général est le texte qui s’applique à toutes les épreuves, toutes disciplines confondues. Son article 1-5, qui traite spécifiquement du BEA, est régulièrement actualisé de manière à encadrer au mieux la pratique sportive (utilisation excessive de l’éperon et/ou cravache, interdiction de chocs électriques, interdiction du maintien au-delà de quelques minutes d’une attitude trop contrainte…). Cependant, toute évolution du règlement doit être appréhendée dans son ensemble : est-il possible de contrôler efficacement telle ou telle mesure sur le terrain ? Si oui, comment ? La mesure est-elle en adéquation avec les règlements internationaux ? En bref, le BEA est un sujet complexe sur lequel la FEE augmente progressivement et de façon raisonnée son niveau d’exigence.
Marie-Noëlle Lemouland (N 02)
Référente équine de la commission bien-être animal de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires
La visite sanitaire obligatoire : un progrès
La visite sanitaire équine est obligatoire seulement depuis 2019. Elle s’adresse à tous les détenteurs de trois équidés et plus. Le bien-être animal (BEA) est le thème choisi par la Direction générale de l’alimentation pour cette deuxième campagne (2022-2023). Les particularités de cette filière résident dans le fait que le détenteur peut être professionnel ou non. Il n’est pas toujours le propriétaire et encore moins l’utilisateur. Les connaissances techniques sont variées, développées mais souvent liées à l’habitude et peu axées sur le BEA. Au cours des trente questions de la visite sont abordés les besoins physiologiques du cheval, la notion des cinq libertés, les indicateurs liés à l’état mental et physique positifs. Le vétérinaire sanitaire de terrain amène le détenteur, quel qu’il soit, à s’autoévaluer en matière de BEA, à être capable de repérer, chez lui, les situations dégradées. Et ainsi à trouver des solutions pour améliorer la bientraitance. C’est donc un moment privilégié, au cours duquel le vétérinaire sanitaire va proposer un appui technique et scientifique adapté à son interlocuteur dont il connaît les éventuelles difficultés (économiques, psychologiques…).