Urologie
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Tarek Bouzouraa
L’incompétence sphinctérienne touche moins de 1 % des chiens mâles. Les facteurs de risques incluent le positionnement du col vésical (caudal), l’hypertrophie prostatique et la race (les bullmastiffs, setters irlandais, fox-terriers, bouledogues et boxers étant surreprésentés). Plusieurs traitements médicaux ont été envisagés, incluant la phénylpropanolamine, l’éphédrine, la testostérone, voire l’emploi commun de ces agents en combinaison, avec une réussite limitée (environ 50 % de réponse). Une prise en charge opératoire par vasopexie et/ou prostatopexie, à nouveau avec des résultats médiocres, a été documentée dans une courte série (3 cas ayant répondu sur 7). Chez la chienne, l’emploi d’un sphincter hydraulique est désormais bien documenté, avec un taux de réussite atteignant 90 %. Une étude* apporte de nouvelles données sur une série de 19 chiens mâles ayant bénéficié d’un placement d’un sphincter hydraulique en silicone (Docxs Biomedical) pour la prise en charge de leur incontinence urinaire.
Un taux de réussite prometteur
Au total, sur 19 chiens, 13 avaient retrouvé une continence totalement normale et 3 autres présentaient une très nette amélioration clinique, cependant incomplète, ce qui porte le taux de réussite générale à 84 % (16/19). Le suivi médian est proche de 1 800 jours, avec une information à long terme disponible chez 15 chiens. Parmi ces cas, 9 chiens (60 %) présentaient toujours une réponse complète. Lorsqu’un sphincter est placé, il peut être ensuite « gonflé » avec du soluté injecté par une chambre dédiée. Dans cette série, une seule manœuvre de remplissage a été nécessaire chez 15 chiens, et aucune pour les cas restants.
Un taux de complications non négligeable
Les informations relatives aux complications étaient disponibles pour 16 cas, avec des complications rapportées pour 9 d’entre eux (56 %). Les complications étaient mineures chez 4 chiens (25 %) et majeures chez 5 (31 %). Les complications mineures incluaient la formation d’un hématome (1/16), une strangurie (2/16) et une fibrose autour de la chambre d’injection (1/16), tandis que les complications majeures concernaient une obstruction urinaire par le dispositif (2/16), une brèche (1/16) ou une rotation de la chambre d’injection (2/16).
Des limites liées à la rareté des cas d’incontinence chez les chiens mâles
Au titre d’une série rétrospective, l’étude présentée possède des limites incontournables. Tout d’abord, le suivi à long terme évoqué a été obtenu par appels téléphoniques auprès des propriétaires ou, si ces derniers n’étaient pas joignables, auprès de leurs vétérinaires référents. Le retour d’expérience a donc pu varier entre le ressenti des maîtres et celui des vétérinaires. Par ailleurs, une incompétence sphinctérienne a été présumée chez chacun des chiens mâles inclus, sans réaliser un examen urodynamique, nécessaire à la validation du diagnostic.
En définitive, le placement d’un sphincter hydraulique est une option pertinente chez le chien mâle en cas d’incompétence sphinctérienne, bien qu’il faille avertir les propriétaires du taux de complications non négligeable, de plus de 50 %, tous types d’événements confondus.