Démographie
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Amandine Violé
La fédération vient de dévoiler ses traditionnelles statistiques sur la possession animale en France. Chiens et chats sont désormais présents dans un foyer sur deux, et la notion de « pet parent » s’étend chez le chien.
La Facco* soutient divers projets de recherche axés sur des thématiques clés pour la profession, qu’elles soient commerciales, techniques ou environnementales. À ce titre, son président, Christophe Carlier (L 97), a réaffirmé l’engagement de l’industrie du petfood pour la transition écologique, notamment par le biais du projet 3R (réduction, réemploi et recyclage), visant à exclure l’utilisation d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040. Autour d'un parterre de professionnels, la fédération a tenu son assemblée générale le 25 mai dernier à Paris. À cette occasion, deux études menées grâce à leur appui ont été présentées.
Un Français sur deux possède un animal de compagnie
Mettant en perspective les évolutions du parc animalier français sur les vingt-cinq dernières années, les données de l’étude 2022 Kantar-Facco, issues d’une enquête postale bisannuelle réalisée auprès de 13 905 foyers français de septembre à décembre 2022, ont été révélées. L’opportunité pour les différents acteurs du milieu de mieux appréhender leurs spécificités et d’identifier des leviers pour répondre aux attentes grandissantes des propriétaires.
En France, un foyer sur deux possède un animal de compagnie. La préférence est à l’acquisition d’un chat pour un tiers d’entre eux. Malgré l'explosion des adoptions constatée durant la période du Covid, cette tendance ne s’est pas pérennisée dans le temps, avec une possession des chats et des chiens dorénavant stable.
Émergence des « pet parents » canins
69% des chiens adoptés ont moins de 6 mois et le sont majoritairement en élevage. Parallèlement, en plus de vingt ans, la part des moins de 35 ans s'est imposée dans le paysage des possesseurs canins. De jeunes chiens pour de jeunes ménages qualifiés de « pet parents ». L’animal représente alors une « responsabilité test » précédant un projet d’enfant plus engageant. Cette donnée ne semble pas représentative chez le chat. L’étude révèle par ailleurs que la catégorie socioprofessionnelle des adoptants canins est un marqueur d’importance puisque les foyers modestes en activité sont les principaux à en posséder. Étonnamment, les retraités semblent moins enclins à accueillir un animal dans leur quotidien. Les maladies le plus souvent répertoriées chez les chiens sont l'arthrose (11 %), suivie par le surpoids et l’obésité.
Vieillissement de la population féline
Indéniablement, les chats s’imposent comme les principaux représentants du parc animalier français : 9,8 millions en 2020, 15 millions en 2022. Ils ont pris une place grandissante au sein des foyers, leur mode de vie a parallèlement évolué, « du jardin au canapé ». Conjointement, leur espérance de vie a augmenté, passant de 9,6 ans en 2003 à 13,1 ans en 2022. L’étude souligne en outre que les chats vivant dans des agglomérations de grande taille ont une espérance de vie majorée. Plus de trois ans pour ceux qui résident à Paris ! Est-ce à mettre en relation avec leur médicalisation et un accès favorisé aux soins vétérinaires ? Aucune corrélation n’a pu être mise en évidence. Toutefois, la nette progression du nombre de félins stérilisés entre 2003 et 2020 (+ 25 %) et ce, principalement en ville, est à noter et pourrait être associée au vieillissement de la population constaté. Surpoids, obésité et affections urinaires sont les affections les plus fréquemment rapportées.
L’animal bien-être
Si l’amour des bêtes déclenche dans 86 % des cas un achat ou une adoption, d’autres motivations ont fait leur apparition. Les bénéfices sur le plan de la santé humaine (sorties, activité physique) liés à la possession d’un chien en font partie. L’effet bien-être et antistress médié par les animaux de compagnie est à souligner et fut un des facteurs explicatifs de l'essor des acquisitions constaté pendant la crise sanitaire du Covid. Au sein des foyers familiaux, les retombées positives pour le développement social et cognitif des enfants sont avancées. A contrario, à l’heure de l’inflation économique galopante, les coûts résultant de la possession d’un animal sont un frein majeur pour de potentiels maîtres. Les complications quotidiennes (garde, contrainte organisationnelle…) sont également davantage mises en avant.
Vers une évolution des pratiques d’achat
Détenant autrefois une grande part du marché du petfood, les grandes et moyennes surfaces (GMS) ont vu leurs ventes reculer au profit d’Internet et des magasins spécialisés. L'augmentation du nombre de jeunes propriétaires, nés avec les réseaux sociaux, l’explique en partie. Ce constat est significatif pour le petfood canin, notamment s’il concerne des jeunes chiens de grande taille. Les possesseurs de jeunes chiens, soucieux de leur santé à long terme, s’orientent ainsi préférentiellement vers une alimentation plus qualitative, disponible sur Internet, en magasin spécialisé ou chez un vétérinaire. Par ailleurs, la livraison par Internet facilite le transport des commandes les plus imposantes. À plus de 75 %, les propriétaires félins continuent à se fournir en GMS. De plus, si la consommation de croquettes reste prédominante, la diversification alimentaire vers une bi-nutrition est de plus en plus plébiscitée. Plus de 60 % des propriétaires fournissent à leur chat une alimentation humide (barquettes, sachets fraîcheur) en complément de leurs croquettes habituelles. Le secteur de l’alimentation « plaisir » (friandises) est également en nette hausse. Les propriétaires canins semblent par ailleurs moins prédisposés à suivre les recommandations de spécialistes et sélectionnent eux-mêmes l’alimentation qu’ils considèrent la mieux adaptée à leur compagnon.
Obésité et surpoids : une problématique d’actualité
L’obésité et le surpoids sont une préoccupation majeure pour l’ensemble des professionnels. À ce sujet, Sara Hoummady (A 13) a présenté une étude épidémiologique menée entre 2020 et 2022 dans les services de médecine préventive de l’école vétérinaire d’Alfort (Val-de-Marne) et de Toulouse (Garonne), grâce au soutien de la Fédération des fabricants d’aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers. Ont été inclus 309 chiens et 322 chats présentés en consultation. Les données sont issues de l’analyse d’un questionnaire exhaustif rempli par les propriétaires et de la note d'état corporel (NEC) des patients déterminée par un vétérinaire.
Dans cette étude, et sur la base de la NEC, 37 % des chiens se sont révélés en surpoids et 3 % d’entre eux obèses. Chez le chat, 45 % étaient en surpoids et 3 % d’entre eux obèses. En 2009, la prévalence du surpoids dans l'espèce était de 19 %. Les chats sont donc particulièrement à risque du fait de leur sédentarisation et de leur fort taux de stérilisation. L’étude montre toutefois une chute du pourcentage de chats obèses entre 2009 et 2023, de 7,8 % à 3 %. De manière intéressante, nombre de propriétaires de chiens ou de chats en surpoids sous-estiment la condition physique de leur compagnon, l’évaluant, à tort, à un poids idéal. Après analyse statistique multivariée des données, trois facteurs ont été identifiés comme significativement associés au surpoids : l’âge dans les deux espèces, le fait d’être un mâle chez le chien et une femelle chez la chatte, et avoir un propriétaire qui sous-estime la NEC.
Cette étude souligne la nécessité d’engager un réel travail d’information auprès des propriétaires afin de les sensibiliser à une évaluation correcte de l’état corporel de leur animal. Les facteurs de risque de surpoids doivent être exposés et utilisés comme outils de prévention.