LIVRE
COMMUNAUTE VETO
Auteur(s) : MICHEL BERTROU
Depuis la Grèce antique, la considération de la sensibilité des animaux est au cœur des débats éthiques sur nos relations avec eux. Le fait que leur qualité d’être sensible ait finalement été codifiée dans le Code rural et de la pêche maritime en 1976 (article L214-1) puis intégrée au Code civil en février 2015 (article 515-14) est aujourd’hui un enjeu central du droit animalier. Pour autant, ces textes juridiques ne définissent ni l’animal, ni la notion de sensibilité. De quels animaux et de quelle(s) sensibilité(s) parle-t-on ? Prolongement d’un colloque international* qui s’est tenu à Caen en octobre 2020, ce livre vise à mieux circonscrire ces questions. Touchant autant au droit qu’à la philosophie ou au savoir scientifique, ses analyses sont pluridisciplinaires. La sémioticienne Astrid Guillaume montre par exemple que le terme « sentience » – entré au Larousse en 2020 et existant dans d’autres langues – serait plus approprié que celui de sensibilité. D’autres contributions (dont celle de la vétérinaire Brigitte Leblanc) mettent en évidence que le droit positif traite inégalement les animaux en continuant de les catégoriser en fonction de leur usage par l’homme. L’animal sauvage libre n’est ainsi pas reconnu par le droit. La protection des animaux de compagnie n’échappe elle-même pas à l’hétérogénéité (chiens de catégorie, NAC). Enfin, l’examen de juridictions étrangères permet d’ouvrir des pistes prospectives pour améliorer la protection animale… qui en a visiblement besoin.