Approche des tests allergiques chez les chevaux - La Semaine Vétérinaire n° 1996 du 30/06/2023
La Semaine Vétérinaire n° 1996 du 30/06/2023

Immunité et hypersensibilité

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Marine Neveux

Estelle Manguin, Dipl. ACVIM, enseignante à l’École nationale vétérinaire d’Alfort.

D’après la conférence « Quid des tests allergiques chez le cheval ? », présentée lors des journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef) le 9 novembre 2022 à Reims (Marne).

La physiopathologie de l’asthme équin n’est pas totalement élucidée, elle est multifactorielle, comprenant des facteurs environnementaux, immunologiques, génétiques. La question se pose de l’impact d’agents pathogènes comme les virus, bactéries, champignons. 

Les chevaux asthmatiques deviennent symptomatiques lorsqu’ils inhalent des allergènes environnementaux. L’hypothèse est ainsi d’une potentielle cause allergique de la maladie. Certains auteurs vont plutôt prôner un rôle des IgE dans la physiopathologie de la maladie par le biais d’une hypersensibilité de type I (HS I) alors que d’autres penseront plutôt à une hypersensibilité de type IV. D’où l’utilité de se poser la question de l’intérêt d’utiliser des tests allergiques en pratique courante.

Bases d’immunologie

Il existe des immunoglobulines : IgA, IgE, IgD, IgG, IgM. L’IgE est plutôt en faible quantité dans le corps par rapport aux autres immunoglobulines. On la retrouve dans le sang, les tissus, et la majorité des IgE sont déjà fixées aux cellules effectrices, mastocytes et basophiles par le biais d’un récepteur qui a une très forte affinité, le FcƐRI. Les IgE sont formées sous l’influence de la voie Th2. La réponse est une réaction d’hypersensibilité de type 1.

Différents tests allergiques

Chez le cheval, on a principalement deux tests allergiques utilisés en pratique courante – les tests intradermiques, qui vont permettre de révéler potentiellement des hypersensibilités, et les tests sanguins dont le test enzyme-linked immunosorbent assay (Elisa), qui est majoritairement pratiqué dans les laboratoires –, et des tests fonctionnels in vitro décrits dans la littérature.

Le test intradermique est assez simple à mettre en œuvre. Après une préparation aseptique de la peau de l’encolure, il consiste à injecter par voie intradermique différents allergènes, aux côtés de contrôle positif avec de l’histamine, et de contrôle négatif avec de la saline. Il y a trois types de lecture : à trente minutes (réaction immédiate, HS 1), une lecture à quatre-six heures (HS I appelée late phase), une lecture à vingt-quatre heures, qui va permettre de déceler les réactions dites retardées par la HS IV.

Pour le test sérologique Elisa, les laboratoires doivent utiliser des anticorps (Ac) très spécifiques aux IgE pour éviter les faux positifs. Les laboratoires ont aussi développé des bloqueurs de CDD (déterminants carbohydratés de réactivité croisée) pour éviter les faux positifs.

Revue de littérature

Les tests sont-ils discriminants pour les chevaux atteints d’asthme versus les chevaux sains ? Des études publiées en 1992 et 2005 ont recours à deux groupes de chevaux ; des tests intradermiques utilisant différents allergènes sont réalisés. Il s’est avéré que les chevaux ayant de l’asthme avaient davantage de tests cutanés positifs, tant dans l’intensité de la réaction que dans le nombre de réactions. A contrario, des études de 1993 à 2009 ne montrent pas les groupes malades et sains.

Les mêmes comparaisons ont été effectuées avec les tests sérologiques Elisa dans deux études (2015 et 2019). Dans la première, on a une différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne les allergènes propres des mites, pour la seconde étude, certains allergènes ressortaient plus dans le groupe asthmatique sévère, et notamment le latex. En revanche, des études de 2011 à 2021 ne montrent aucune différence.

Existe-t-il une différence entre les types d’asthme ? Certaines études se sont penchées sur le sujet entre les chevaux atteints d’asthme sévère ou modéré. Ils montrent que les chevaux atteints d’asthme sévère ont plus de réactions à trente minutes et à quatre heures, ce qui fait davantage penser à une HS I. À l’inverse, les chevaux à asthme léger ou modéré ont davantage des réactions retardées, ce qui corrèle avec des HS IV.