Animal en ville
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Anne-Claire Gagnon
Les actions de la Ville de Marignane (Bouches-du-Rhône) prouvent que lorsque la volonté politique soutient des actions pragmatiques et raisonnées, la condition animale féline peut être durablement améliorée.
« Les liens que nous avons avec les chats depuis des millénaires nous obligent et créent des responsabilités aujourd’hui pour chacun, particulier, vétérinaire ou responsable de municipalité », a déclaré notre confrère Pierre Buisson, président d’Ingenium animalis en charge du fichier national d’identification des carnivores domestiques (I-CAD), qui animait un webinaire consacré aux chats libres ou errants en ville, le 15 juin dernier. L’occasion de montrer des avis divers sur la place à accorder aux chats errants et à leur gestion dans le budget et les priorités municipales.
Des approches différentes
Certains élus, comme Marie Le Lan (Suresnes), ont fait le choix de privilégier les équipements destinés aux chiens (caniparcs), estimant le coût de la stérilisation féline et surtout de l’identification trop onéreux. Me Véronique Tardy, avocate en droit animalier, cinquième adjointe de la Ville de Marignane, partage ce constat récurrent sur le coût de la puce électronique, avec cependant une analyse et des actions bien différentes. Elle a proposé et obtenu d’établir un marché public pour la stérilisation des chats errants, pour lequel trois associations ont soumissionné. Celle retenue a fait réaliser d’abord 105 stérilisations en 2022, puis 45 au premier trimestre 2023. La mairie de Marignane a facilement créé son compte I-CAD pour gérer ses chats libres, dont le coût global de la stérilisation en 2022 s’élève à 34 000 € (10 000 euros hors taxes par an sur trois années).
Informer pour fédérer les collaborations autour des chats libres
Ce choix courageux pour l’équipe municipale a été possible grâce à Me Tardy, une excellente avocate de la condition animale, plaidant auprès de chaque élu et leur permettant de comprendre qu’en réduisant la taille des colonies félines grâce aux stérilisations, le bien-être et la longévité des chats augmentaient tout en réduisant les nuisances. L’impact de l’investissement est donc clairement visible pour tous.
Me Véronique Tardy a insisté lors de son intervention sur la collaboration que la municipalité a instaurée avec les nourricières. Rassurées sur le devenir de leurs protégés, les nourricières ont permis le trappage de chats de colonies souvent inconnues (et contribuant à la surpopulation féline). En collaboration avec l’association One Voice, la mairie a mis en place des Chatipi, lieu d’hébergement des chats SDF.
Marignane, une ville chamicale
Tout n’est pas rose pour autant – un chaton malade a été retrouvé dans une poubelle – mais la mairie a mis en place une procédure rassurante pour les propriétaires : tous les animaux trouvés sont scannés et le propriétaire contacté, si l’animal est identifié, évitant le transport et le traumatisme du séjour en fourrière au chat ou chien divagant. Lorsqu’il s’agit de jeunes chatons non identifiés, s’ils sont encore socialisables, la fourrière les confie à la fondation Clara ou au prestataire du marché public Les Ailes de la PA. Ils se chargent de leur trouver un foyer, ce qui limite le nombre d’euthanasies. Malgré l’absence d’obligation réglementaire, lorsqu’un animal est trouvé mort sur la voie publique, les agents municipaux de Marignane vérifient systématiquement son identification éventuelle, pour prévenir son propriétaire. Lors d’un trappage dans une colonie, un chat disparu depuis huit mois a ainsi pu retrouver son propriétaire, le compte I-CAD de la ville facilitant les recherches et démarches. Afin d’encourager la solidarité, la mairie de Marignane a placé, en périphérie du centre-ville, un container pour les dons d’aliments pour animaux.