Nouvelle école vétérinaire
ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Tanit Halfon
Le bilan, au terme d’un an, du premier cursus vétérinaire privé de France semble positif pour les 100 étudiants qui ont choisi UniLaSalle pour leurs études. L’avancée de sa construction est suivie de près par le ministère de l’Agriculture.
En septembre 2022 débutait la première année du premier cursus privé vétérinaire de France. Porté par l’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (Eespig) à but non lucratif UniLaSalle, ce nouveau cursus avait accueilli une promotion de 100 étudiants dans ses locaux du campus de Rouen (Seine-Maritime). S’il reste encore des examens de rattrapage pour quelques-uns début juillet, un premier bilan peut déjà être fait. Pour Caroline Boulocher, responsable du projet École vétérinaire, il est évidemment positif. « Nous avons pleinement réussi et respecté l’engagement de mettre en place dès la première année un programme innovant, par son contenu et ses modalités, respectant le référentiel de compétences. Il suffit de regarder nos réseaux sociaux pour voir la diversité des sorties de mise en situation, les activités réalisées et l’implication des étudiants dans leur formation. »
Le programme de la première année était constitué de matières fondamentales, un socle pour avancer dans les sciences vétérinaires ; mais les élèves ont pu aussi appréhender des notions plus appliquées et ancrées dans notre époque (voir encadré), avec les premières dissections, ou encore des enseignements d’écologie ou de bien-être et protection animale, explique Caroline Boulocher. Ils ont aussi déjà pu effectuer des gestes de base de propédeutique sur des chevaux, des chiens et des vaches. Une unité d’enseignement (UE) « connaissance de soi » était organisée avec l’intervention de vétérinaires, psychologues, médecins, psychomotriciens, philosophes, menuisier (!)…. Cette UE s’étalera sur cinq années.
« Learning by doing »
Outre les enseignements académiques, plusieurs sorties ont été effectuées en parc zoologique, exploitation rurale, élevage équin, jardin botanique, fosse pédologique. Les élèves ont aussi eu accès aux Medical Training Center du CHU de Rouen pour s’essayer aux premières sutures. Il y avait par ailleurs une période de stages obligatoires avec une semaine en collectivité animale (refuge, parc animalier) et quatre semaines en exploitation bovine, explique Caroline Boulocher. L’esprit du cursus est « learning by doing, en association avec une proximité du terrain et de la profession ».
Les évaluations des étudiants se sont faites de manière continue et avec un examen de fin d’année. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les résultats finaux des partiels de rattrapage ne sont pas connus, mais Caroline Boulocher est confiante sur le passage en seconde année. Comme elle l’explique, le processus de sélection lors du concours d’admission a permis d’éviter de se retrouver avec des élèves en grande difficulté. De plus, la politique de l’établissement est d’accompagner de manière personnalisée tout élève ayant besoin de soutien : deux étudiants ont ainsi pu en profiter pour les enseignements de mathématiques et de biologie moléculaire. « Les étudiants se sont aussi organisés en groupes d’études pour s’entraider, notamment pour les matières fondamentales qui se sont avérées plus complexes à appréhender. Peut-être le niveau demandé était trop ambitieux par rapport à l’hétérogénéité des parcours au lycée. » En cas de non-validation des partiels de rattrapage, un redoublement est possible mais autorisé une seule fois par cycle (les trois premières années lors du cycle propédeutique ou les trois dernières années lors du cycle clinique) ; si le nombre de matières non validées est réduit, les élèves peuvent poursuivre leur cursus et les valider durant cette seconde année. Ce fonctionnement est similaire à celui des écoles nationales vétérinaires (ENV).
Des objectifs fixés pour l’orientation des élèves
Pour la deuxième année, « notre système de pédagogie est en spirale et par compétences, aussi la deuxième année contient les mêmes UE que la première. Seule l’UE sciences pharmaceutiques et biologiques du semestre 4 sera nouvelle. En deuxième année, les étudiants auront aussi six semaines de stage : trois semaines soit en exploitation de production animale ( porcine en priorité ou aviaire), soit en suivant un vétérinaire porcin ou aviaire ; et trois semaines en industrie agroalimentaire utilisant des denrées d’origine animale. » À noter que 20 étudiants supplémentaires rejoindront la première promotion l’an prochain directement en seconde année pour former une promotion de 120.
UniLaSalle met à disposition des étudiants un « centre des carrières » qui accompagne les étudiants pour la recherche de stages, mais dont la vocation est de manière générale de donner des outils aux étudiants pour leur future vie professionnelle… « Ce centre de carrière complète les enseignements relatifs à l’entreprise. Les élèves de première année ont par exemple déjà eu des cours sur la rédaction d’un CV, la gestion de son image sur les réseaux sociaux professionnels… »
Si les stages des deux premières années sont aussi ancrés vers les productions animales, c’est qu’UniLaSalle a des directives de la part du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. « Tout comme les ENV, nous avons des indicateurs fixés par le ministère, et des enquêtes. Parmi eux, il y a l’orientation des étudiants, avec l’objectif qu’une majorité d’entre eux se dirige vers l’exercice en rural ou l’industrie. » D’après les premiers vœux des étudiants admis dans le cursus, plus de 75 % avaient pour projet de travailler en clinique mixte, et les trois quarts de la promotion ont adhéré cette année aux GTV junior de Rouen*. « Notre population étudiante est différente de celle des ENV. »
Un suivi par la Direction générale de l’enseignement et de la recherche
Pour la suite, la construction du cursus se poursuit. Une salle de dissection de 300 mètres carrés est prévue pour le printemps prochain. Pour la formation clinique, qui rappelons-le, se fera à la fois dans un centre hospitalier de l’école pour la médecine des petits animaux et aussi dans des cliniques vétérinaires partenaires (système semi-distribué), « le permis de construire du centre hospitalier de l’école vétérinaire (CHEV) est déposé depuis début avril, avec les extensions académiques. Il s’agit de plus de 5 000 mètres carrés de nouvelle surface hors sous-sols. Nous respectons notre rétroplanning ». L’ouverture du centre est prévue pour 2025. Un centre de simulation de plus de 200 mètres carrés y est attendu.
La Direction générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (DGER) suit l’avancée du cursus. « Un comité de suivi DGER/UniLaSalle se réunit de manière régulière (tous les quatre mois) pour suivre les grandes étapes d’avancement du projet : recrutement des enseignants, implantation et dépôt de permis de construire du CHEV, signature de la convention avec l’université de Rouen pour l’organisation de la soutenance du diplôme d’État de docteur vétérinaire… Il montre que la montée en puissance de la cinquième école vétérinaire se déroule de manière satisfaisante », explique la DGER. De plus, « l’article R. 813-70-3 du code rural et de la pêche maritime prévoit que pendant la période pendant laquelle l’établissement bénéficie d’un agrément provisoire, il sollicite, à ses frais, à des échéances fixées par le ministère chargé de l’Agriculture, une évaluation par le système européen d’évaluation des formations vétérinaires et transmet le rapport au ministre chargé de l’Agriculture. L’article 2 de l’arrêté du 4 mars 2022 relatif à l’agrément provisoire de l’Institut polytechnique UniLaSalle pour délivrer un certificat d’études fondamentales vétérinaires et organiser une année d’approfondissement réservée aux titulaires de ce certificat, dont la validation permet d’accéder au diplôme d’État de docteur vétérinaire, prévoit que l’Institut polytechnique UniLaSalle sollicite avant le 30 juin 2026 et avant le 30 juin 2028 une évaluation, à ses frais, de cette formation préparant au diplôme d’État de docteur vétérinaire par le système européen d’évaluation des formations vétérinaires. UniLaSalle transmet, à chaque fois, dès sa réception, le rapport d’évaluation. »
En parallèle de ce suivi, « le ministère engage les dernières modifications pour notifier l’existence de cette école vétérinaire à la Commission européenne. Le paysage européen montre que dans beaucoup de pays de l’Union des projets comme l’École vétérinaire UniLaSalle de Rouen ont été conduits de manière satisfaisante et obtiennent, à l’issue des périodes probatoires, l’accréditation par l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire. »
Exemples d’unités d’enseignement
- Environnement et Développement Durable 1
Anthropisation et agroécologie
Écologie et biodiversité
Bien-être animal
Protection animale
- Sciences fondamentales 3
Statistique descriptive
Radiobiologie et radioprotection
Bases physiques de l’imagerie médicale
Fonctions de plusieurs variables
Statique des fluides
- Interdépendance humains animaux
Histoire, organisation et diversité de la profession vétérinaire
Déontologie vétérinaire
Demande sociétale et éthique
Éthologie
- Sciences du vivant 2
Infectiologie partie 1 : agents infectieux et infections
Parasitologie partie 1 : parasites et parasitisme
Introduction à l’épidémiologie
- Connaissance de soi
Connaissance de soi au service de la communication interpersonnelle
Leadership et stratégie des entreprises
- Morphologie, physiologie, imagerie et propédeutique des appareils 2
L’appareil locomoteur: anatomie, embryologie, imagerie et physiologie
Le système cardiovasculaire: anatomie, embryologie, imagerie et physiologie
Le système respiratoire: anatomie, histologie, embryologie, imagerie et physiologie
- Pratiques scientifiques
Langues vivantes
Algorithmique et programmation, tableurs
Sciences analytiques