Chirurgie
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Clothilde Barde CONFÉRENCIER ARNAUD SARTELET (département clinique des animaux de production, université de Liège) Article rédigé d’après une conférence issue du travail de thèse de Salem Djebala (2022) et présentée lors des Journées nationales des groupements techniques vétérinaires qui ont eu lieu à Nantes (Loire-Atlantique) en 2022.
La césarienne, procédure d’extraction du nouveau-né par laparotomie et hystérotomie lorsque la naissance par voie vaginale est impossible, est indiquée pour toute dystocie irréductible par une manœuvre obstétricale.
Un protocole harmonisé
Cette intervention se fait généralement par le flanc gauche de l’animal. Après contention de la vache, le vétérinaire tond et lave le flanc, il réalise une anesthésie locale traçante, administre des antibiotiques à l'animal avant de désinfecter le flanc. Pour cette chirurgie, certains vétérinaires extériorisent l’utérus, d’autres l'incisent à l’aveugle à l’intérieur de la cavité. Puis, ils écartent les caroncules, ouvrent l’utérus, extériorisent les membres du veau, puis le veau et ils coupent le cordon ombilical. La suture utérine se fait de préférence en deux couches pour éviter l’apparition d’adhérences avec le péritoine lors de la cicatrisation. Comme l’a noté le conférencier, « l’essentiel est d’assurer l’hémostase et l’étanchéité par un premier surjet simple, puis le second est invaginant ». Ensuite, la fermeture de la paroi musculaire se fait en une à trois couches séparées et celle de la peau est réalisée par un surjet simple.
Des pratiques d’antibiothérapie très diverses
Lors de la césarienne, les pratiques actuelles d’antibiothérapie sont très diverses, allant de l’injection intramusculaire pré ou postopératoire, à l’intrapéritonéale ou à l’intra-utérine pendant l’opération ou encore à l’antibiothérapie entre couches musculaires (transpariétale) également pendant l’opération. Une enquête réalisée en Belgique a permis de montrer que la voie intrapéritonéale est privilégiée par les vétérinaires. Certains combinent jusqu’à 4 voies différentes en parallèle avec des antibiotiques distincts, parfois même présentant des actions antagonistes. De plus, ils réalisent cette antibiothérapie avant, pendant ou après la chirurgie. Selon le conférencier, « le plus alarmant est, qu’en termes de dosage, par exemple pour la pénicilline, on observe des marges d’utilisation de 15 à 250 ml en intramusculaire (IM) et de 15 à 100 ml en intraveineux (IV) ». Ces doses sont complètement empiriques, il y a donc du progrès à faire en termes d’utilisation d’antibiotiques, d'après lui. Afin d'identifier le moment idéal pour administrer les antibiotiques, une étude menée en 20211, a permis de montrer que par voie IM (recommandation légale), la CMI (concentration minimum inhibitrice) est atteinte au bout de 15 minutes, mais l’effet maximal se fait ressentir après 60 à 120 minutes.
Une notion variable
Comme lors de toute intervention chirurgicale, les complications sont possibles et non négligeables. Ainsi, elles représentent tout de même 70 % des cas de litiges (et non pas de complications) en médecine vétérinaire chez les bovins et sont d’origine multifactorielle (matériel, technique du vétérinaire, environnement (chirurgie propre contaminée), détection de l’éleveur ou management des bovins, immunité de ces derniers, etc.). Or, la notion de complication, définie par le conférencier à partir des résultats d’enquêtes terrains, est très variable d’un vétérinaire à l’autre (certains considèrent, par exemple, que l’apparition d’abcès de paroi est un phénomène normal). Pour juger de ces complications, les vétérinaires doivent également tenir compte des conséquences cliniques sur l’animal, qui peuvent être plus ou moins graves (abcès parois sans effets hormis esthétiques, adhérences internes, péritonite, hémorragie plus grave). Ainsi, dans une enquête de 20112, le taux de complications était de 5,3 %. Il s'élevait à 30 % dans une autre étude de suivi de 500 césariennes datant de 19982 et, dans une enquête de 19943, la mortalité des vaches laitières atteignait 24 %. Les complications associées à la césarienne sont généralement la rétention placentaire, les infections utérines (non spécifiques), les hémorragies utérines, les infections de plaies (utérus et paroi), la péritonite généralisée et localisée ou la péritonite pariétale fibrineuse (« clapier »).