Le Royaume-Uni veut interdire l’American Bully XL - La Semaine Vétérinaire n° 2008 du 27/10/2023
La Semaine Vétérinaire n° 2008 du 27/10/2023

Chiens dits dangereux

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Par Bénédicte Iturria

Le Premier ministre britannique souhaite éradiquer cette race non reconnue par les principales associations canines du Royaume-Uni d’ici la fin de l’année. Cette annonce fait suite à des attaques médiatisées.

Dans une vidéo1 publiée le 15 septembre sur X (anciennement Twitter), le Premier ministre britannique Rishi Sunak a déclaré vouloir interdire l’American Bully XL. Cette annonce fait suite à la mort de Ian Price, attaqué par deux chiens de cette race à Stonnall en Angleterre. Ces chiens qui peuvent peser 60 kilos, constituent selon lui « un danger pour les communautés, en particulier nos enfants ». Il souhaite leur interdiction d'ici la fin de l'année. Pour Rishi Sunak, « il est clair qu'il ne s'agit pas d'une poignée de chiens mal dressés, il s'agit d'un comportement qui ne peut pas durer ». Quelques jours auparavant, la ministre de l'Intérieur Suella Braverman avait demandé aux autorités d'examiner comment l’American Bully XL pourrait être interdit, après la diffusion d'une séquence vidéo de l’attaque d’une fillette de 11 ans, à Birmingham, ayant entraîné des blessures sévères. Les appels à l’interdiction du XL se sont multipliés ces derniers mois à la suite d’une série d’incidents très médiatisés. Selon le quotidien The Independent 2, sur les quatre attaques mortelles de chiens survenues en 2021 au Royaume-Uni, deux impliquaient un American Bully XL. Et ce nombre est passé à plus de six sur dix en 2022. Pour Bully Watch3, un groupe créé par des propriétaires de chiens afin de surveiller les XL, ces derniers seraient responsables de 43 % des attaques de personnes et d'autres chiens cette année. D’une façon générale, selon la BBC4, les admissions à l’hôpital pour des morsures de chiens ont progressivement augmenté au cours des quinze dernières années. En 2022, il y a eu 8 819 admissions à l’hôpital en Angleterre, contre 4 699 en 2007.

Définir le standard de la race pour mieux l’interdire

Si l’American Bully XL a été reconnu comme race par le United Kennel Club des États-Unis en 2013, il ne l’est pas par les principales associations canines du Royaume-Uni. Rishi Sunak a ainsi ordonné aux ministres de réunir des experts canins, des vétérinaires, des représentants de la police et du bien-être animal afin d'élaborer la définition juridique de la race XL, un préalable nécessaire à son interdiction en vertu de la loi sur les chiens dangereux5. Introduite en 1991, cette loi interdit la possession, l'élevage, la vente, la publicité de chiens de type Pit Bull Terrier, Tosa Japonais, Fila Brasiliero et Dogue Argentin. L’American Bully XL rejoindrait ainsi la liste des races de chiens dits dangereux.

Une mesure jugée inefficace, notamment par la BVA

Suite à l’annonce du Premier ministre, la Dog Control Coalition6, qui regroupe le Kennel Club (l'association cynologique la plus importante du Royaume-Uni), la British Veterinary Association (BVA) et des associations de protections animales comme la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals, a immédiatement publié une déclaration : « Les récents incidents sont extrêmement bouleversants et nos pensées vont à toutes les personnes touchées et concernées. La plus grande priorité pour tout le monde est de protéger le public, mais interdire la race n’empêchera malheureusement pas la répétition de ce type d’incidents. Depuis trente-deux ans, la loi sur les chiens dangereux s’est concentrée sur l’interdiction de certains types de chiens, mais elle a coïncidé avec une augmentation des morsures de chiens et les décès récents montrent que cette approche ne fonctionne pas. Le gouvernement britannique doit prendre le problème à la racine en s'attaquant aux éleveurs sans scrupules, qui font passer le profit avant le bien-être, et aux propriétaires irresponsables dont les chiens sont dangereusement incontrôlables. La coalition exhorte le Premier ministre à travailler ensemble pour bien comprendre les conséquences importantes de sa décision d’interdire les American Bully XL, ce qui impactera de manière significative les propriétaires, le secteur du bien-être animal, les vétérinaires, les forces de l’ordre et le public. Il est également essentiel que toute politique conçue pour protéger la sécurité publique repose sur des preuves solides, et nous sommes profondément préoccupés par le manque de données derrière cette décision et par son potentiel à prévenir les morsures de chiens. »

La Dog Control Coalition a déclaré que ses membres avaient été contactés par des propriétaires « désemparés » et préoccupés par les conséquences de cette interdiction, craignant que leurs animaux ne soient euthanasiés. Christine Middlemiss, cheffe des Services vétérinaires du Royaume-Uni s’est exprimée à ce sujet dans l'émission Today de BBC Radio 4, évoquant plutôt une « amnistie » : les propriétaires devraient enregistrer, stériliser et assurer leurs chiens, ainsi que les museler quand ils sont en public.

Une pétition parlementaire7 contre cette interdiction, lancée deux jours avant l’annonce des plans du gouvernement, a déjà recueilli plus de 590 000 signatures.

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  • 3.bullywatch.link
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