La médecine interne, cœur de cible du congrès de l'Avef - La Semaine Vétérinaire n° 2013 du 01/12/2023
La Semaine Vétérinaire n° 2013 du 01/12/2023

Équine

ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Michaella Igoho-Moradel

Pour sa 51e édition, les Journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française ont réuni 300 vétérinaires, 44 partenaires et 40 conférenciers. Au programme : débats, conférences, ateliers pratiques, courtes communications, et « job datings ». Un menu riche et varié pour faire face aux enjeux de la filière.

C’est à Toulouse que l’Association vétérinaire équine française (Avef) a posé ses valises, les 9 et 10 novembre derniers, pour son traditionnel congrès annuel. Sur place ou à distance, les vétérinaires équins n’ont pas manqué à l’appel. Comme lors des éditions précédentes, le conseil scientifique de l’Avef a élaboré un programme touchant de près l’actualité et les besoins des praticiens. La médecine interne était à l’honneur avec des sessions sur les affections du boulet, les vascularites, la traumatologie de la tête, les affections neuromusculaires, les traitements chirurgicaux, les affections digestives, etc., avec des intervenants de tous horizons. En outre, des ateliers ont permis aux participants d’échanger sur des thèmes d’actualité comme les maladies vectorielles émergentes, les urolithiases, le recours aux compléments alimentaires, les intoxications végétales, les fondamentaux en reproduction ou encore les assurances.

Des posters, deux lauréates et un quiz

De courtes communications ont abordé les thématiques de l'antibiorésistance, des affections respiratoires équines, des maladies infectieuses et locomotrices, etc., et les meilleurs posters ont été sélectionnés. Cette année, les lauréates du prix des posters scientifiques sont : Lisa Micheau (T 18), résidente en pathologie locomotrice et médecine du sport au Cirale-EnvA de Goustranville (Calvados), pour son poster « Développement d'un modèle original de déminéralisation osseuse induite chez le cheval » ; et Marie Delerue (N 12) et experte sanitaire pour la filière équine à l'Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE) à Exmes (Orne), pour son poster « Stabilité du statut excréteur des équidés vis-à-vis des strongles digestifs au cours de trois saisons de pâturage ». Nouveauté de cette cuvée, une session quiz s'est tenue, portant sur différents domaines : médecine, anesthésie, reproduction, pathologie locomotrice, chirurgie, législation. Les congressistes ont pu ainsi tester leurs connaissances avec des questions issues du programme du Certificat d'études approfondies vétérinaires (CEAV) de pathologie des équidés.

Des cas pratiques et des contacts fructueux

En amont du congrès, des ateliers ont été l'occasion de mettre en pratique l’examen ophtalmologique du cheval, les anesthésies locorégionales, le diagnostic des affections neurologiques du cheval et l’examen échographique du boulet et de la gaine digitale. Par ailleurs, après le succès de la première édition, le concept de « job meeting » a été renouvelé. « L’édition 2022 a permis de rassembler plusieurs générations de vétérinaires équins. Cela a créé des premiers contacts, et certains jeunes ont pu envoyer par la suite des candidatures aux vétérinaires rencontrés », s’est félicité l’association. À cette occasion, Robin Lunetta, juriste du Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL), a fait le point sur le salariat et la collaboration libérale. Cette année encore, l’association a pu compter sur la participation d’étudiants Avef juniors, venus des quatre écoles nationales vétérinaires (Alfort, Lyon, Nantes et Toulouse), de Liège et de Rouen, ainsi que des juniors francophones (Roumanie, Slovaquie et Portugal).

Interview

« Il faut conserver et développer les actes réservés aux vétérinaires »

Pour Charles-François Louf (L 93), président de l'Avef, il est urgent de défendre l'exercice équin dont certaines activités sont grappillées par des para-professionnels.

Propos recueillis par Michaella Igoho-Moradel

Comment se porte l’Avef ?

L’Association se porte bien. Les adhésions augmentent (+ 9 %) et les projets sont nombreux. En 2023, nous comptons plus de 600 seniors et près de 500 juniors. Ce sont des scores que nous n’avons jamais atteints. Il y a une équipe motivée qui redonne du dynamisme grâce à ses idées, met en place de nouveaux services (formations, ateliers, webinaires…) et apporte davantage d’accompagnement à nos adhérents. Nous prenons en compte les remontées du terrain et sommes proactifs en nous prononçant sur des dossiers d’actualité tels que le maillage vétérinaire, la délégation d’actes vétérinaires, le recrutement, la loi de santé animale ou encore le mal-être au sein de la profession. Nous avons amélioré la communication sur nos actions pour informer et susciter des remontées. Délégation d’actes vétérinaires et maillage vétérinaire sont intimement liés. Cela fait plus de vingt ans qu’on parle du sujet de la délégation, il faut avancer ! Cela permettra de maintenir sur le terrain des équipes plus fortes.

Quels sont les défis auxquels la filière doit faire face ?

Il faut conserver et développer les actes réservés aux vétérinaires (échographie, ostéopathie, dentisterie, etc.), afin de maintenir suffisamment d’activité tout au long de l’année pour ceux qui exercent en zones rurales. Si nous perdons ces opportunités, il sera compliqué pour un(e) vétérinaire de s’implanter sur un territoire. La pression de la clientèle comme la permanence et continuité des soins (PCS) sont souvent difficiles à assurer et sont sources de nombreuses tensions pour les vétérinaires équins. Il faut trouver des solutions car la pression est trop forte sur les confrères et les consœurs, et les exemples d’épuisement professionnel voire de situations plus dramatiques ne sont pas anecdotiques. Nous sommes sur le terrain, nous travaillons régulièrement avec l’Ordre, la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et d'autres instances. L’Avef a une voix qui sait se faire entendre pour défendre les vétérinaires équins et faciliter leur quotidien. Il faut imaginer de nouveaux modes de fonctionnement pour simplifier les parties administratives et les contraintes de la PCS. Comme la procédure d'exclusion de la filière bouchère, qui devrait passer directement de nos logiciels métiers vers l’Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE), en profitant de la mise en place de Calypso. Nous l’avons demandée, elle tarde à venir malgré les promesses, mais nous ne lâcherons pas cet outil de simplification. Il faudra aller jusqu’à des nouveaux modes de fonctionnement et d’assouplissement des contraintes pour faire diminuer les menaces liés à la PCS, en imaginant une mutualisation et un partage des obligations du type réseau de domiciles professionnels d'exercice ou à travers des services d’urgence exclusifs sur les modèles canins.