Antibiosurveillance
PHARMACIE
Auteur(s) : Par Michaella Igoho-Moradel
Selon Résapath, le taux de bactéries résistantes continue de baisser, confirmant qu’il y a une corrélation entre la diminution de l’exposition des animaux aux antibiotiques et celle des résistances.
Dans son rapport, présenté le 13 novembre dernier lors d’un point presse, le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) observe une baisse générale de l’antibiorésistance. Ces résultats sont corrélés à la réduction du recours aux antibiotiques en médecine vétérinaire. « Les antibiotiques critiques sont particulièrement surveillés par le Résapath. Depuis une dizaine d’années, nous observons une tendance à la baisse des proportions de résistance », a indiqué Marisa Haenni, adjointe au chef de l'unité antibiorésistance et virulence bactériennes (AVB), au laboratoire lyonnais de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Toutefois, si la résistance bactérienne est globalement stable ou à la baisse chez toutes les espèces animales, elle est en augmentation chez les équidés depuis 2018.
Des tendances positives pour les antibiotiques critiques
Moins de 5 à 7 % des souches de bactéries Escherichia coli résistantes aux antibiotiques critiques ont été prélevées depuis 5 ans sur toutes les espèces animales, sauf chez les chevaux pour qui le Résapath observe une hausse de 9 % depuis 4 ans. Globalement, en ce qui concerne le ceftiofur et les fluoroquinolones, de faibles proportions de souches résistantes ont été prélevées. S'agissant de Klebsiella pneumoniae et d'Enterobacter spp., deux bactéries pouvant développer des résistances aux céphalosporines de dernières générations et aux fluoroquinolones, seules les données concernant les chevaux et les chiens ont été obtenues en quantité suffisante pour être analysées. Reste que l'on a pu observer une augmentation de la résistance à ces bactéries ces dernières années. Il est à noter que ce taux de résistance devient supérieur à celui relevé pour E. coli.
Pour d’autres antibiotiques, la vigilance est aussi de mise, à l'exemple de la méticilline. La proportion de souches résistantes estimée chez Staphylococcus aureus (SARM) varie entre 5 et 10 % chez les chiens et les chats, de 15 à 20 % chez les équidés, et atteint 42 % chez les porcs. De même, une résistance fréquente (de 15 à 20 %) au Staphylococcus pseudintermedius est constatée chez les chiens et les chats.
Des résistances aux carbapénèmes à surveiller
Par ailleurs, des entérobactérales, notamment des E. coli et des K. pneumoniae, résistantes aux carbapénèmes, sont régulièrement isolées chez les animaux domestiques. Pourtant, ces antibiotiques de dernier recours chez l’être humain ne sont pas utilisés en médecine vétérinaire. « Ces bactéries résistantes sont très vraisemblablement transmises à l’animal par les êtres humains. (…) Elles constituent une menace majeure car la résistance aux carbapénèmes peut être amplifiée par cosélection des résistances chez l’animal, puis retransmise à l’être humain », alerte le Résapath. À ce jour, ces résistances ont été exclusivement observées chez des animaux de compagnie.
En outre, le Résapath rapporte que la proportion de bactéries multirésistantes, c'est-à-dire qui résistent à au moins trois familles d’antibiotiques sur cinq testées, connaît une hausse de 10 % pour les équidés depuis 2017. Dans le même temps, les résistances bactériennes à la tétracycline et aux quinolones chez les animaux de production (porcs, volailles et bovins) baissent depuis dix ans. Pour la colistine, les proportions de souches résistantes sont faibles et stables depuis cinq ans (< 10 % chez les porcs et les bovins, < 4 % chez les dindes et < 2 % chez les poules et poulets).