Conférence
ANALYSE MIXTE
Auteur(s) : Par Jean-Paul Delhom
Lors des journées des Groupements techniques vétérinaires (GTV) qui se sont tenues à Beaune (Bourgogne Franche-Comté) le 19 octobre 2023, Philippe Tresch, ingénieur agronome à l'Institut de l’élevage (Idele), a exposé des leviers d’action à mettre en place pour réduire l’empreinte carbone des élevages de bovins.
« L’élevage est au cœur des grandes thématiques environnementales actuelles : émissions de gaz à effet de serre (GES), préservation des sols, stockage du carbone dans les prairies, qualité de l’eau, fuite des nitrates ou caractères patrimoniaux des territoires », a indiqué Philippe Tresch pour introduire une conférence portant sur l'impact environnemental de l'élevage. En effet, malgré sa capacité de séquestration du carbone dans les sols (90 % du potentiel de réduction des GES agricole), l’agriculture est responsable de 19 % des émissions de GES, dont 15 % pour le secteur de l’élevage. Comme l'a noté le conférencier, les différents gaz émis par les exploitations de bovins à viande sont, pour 63 % le méthane (fermentation entéritique), pour 22 % le protoxyde d’azote (mécanismes du cycle de l’azote) et pour 15 % le gaz carbonique (émissions directes avec l’utilisation des énergies fossiles, émissions indirectes dans la fabrication des engrais ou la production des aliments). Le méthane entérique et la gestion des effluents représentent ainsi 81 % des émissions totales. De plus, tous les GES n’ont pas le même potentiel de réchauffement global (PRG)* et, quel que soit le type d’atelier bovin (engraisseurs, naisseurs, etc.), les pourcentages d’émissions de gaz sont les mêmes.
Améliorer les performances d'élevage
Afin d'évaluer la compétitivité de l’atelier bovin viande et de se comparer au sein d’un même système, la performance technique des élevages peut être mesurée. Pour cela, on dispose de la production brute de viande vive (PBVV), calculée en additionnant le poids des animaux vendus vifs à ceux vendus en boucherie (calcul établi en fonction du rendement de la carcasse), modulés par les variations d’inventaire. Ce critère synthétique caractérise la productivité du troupeau (PBVV/Unité de gros bétail), celle des surfaces (PBVV/ha Surface fourragère principale) et celle de la main-d’œuvre (PBVV/ Unité de main-d’œuvre), selon Philippe Tresch. Or, « comme différentes études ont montré que les émissions d’équivalent CO2/kg PBVV ont tendance à diminuer avec la productivité du troupeau (PBVV/UGB), et qu'un troupeau en bonne santé et productif est moins émetteur de GES, la performance technique est donc un levier majeur pour réduire les émissions de méthane entérique », a indiqué le conférencier. Pour cela, il faut notamment privilégier les vêlages précoces à 2 ans, diminuer la mortalité des veaux et améliorer la productivité et la prolificité en élevage, c'est-à-dire augmenter le taux de renouvellement et diminuer l’âge des génisses finies. L'alimentation des veaux doit alors être plus riche et la place en bâtiment ainsi que le travail de surveillance et de soins des veaux doivent être adaptés.
Utiliser des leviers d'action multiples
Par ailleurs, comme l'a noté le conférencier : « L’autonomie alimentaire de l’élevage, l’amélioration de l’exploitation du pâturage ainsi qu'une fertilisation raisonnée participent également à l’augmentation de la productivité. » C'est pourquoi certaines exploitations misent sur la production d’énergie (photovoltaïque, méthanisation, exploitation du bois pour l’énergie et les litières) ou le stockage de carbone. À cet égard, en moyenne, 27 % des émissions de GES (exprimées par hectare de surface atelier) sont couvertes par le stockage du carbone. Par ailleurs, l’empreinte carbone nette (émissions brutes de GES diminuées du stockage carbone par les surfaces fourragères) peut être réduite en agissant sur d'autres leviers d'action tels que la génétique, ce qui permet d'augmenter les revenus de l'exploitation.
Qu'est-ce que l'UGB ?
L'unité de gros bétail (UGB) est une unité de référence permettant d’agréger le bétail de différentes espèces et de différents âges en utilisant des coefficients spécifiques établis selon les besoins nutritionnels ou alimentaires de chaque type d’animal. L’unité standard utilisée pour le calcul du nombre d’unités de gros bétail (= 1 UGB) est l’équivalent pâturage d’une vache laitière produisant 3 000 kg de lait par an, sans apport de complément alimentaire de type concentrés.