Antibiosurveillance
PHARMACIE
Auteur(s) : Par Michaella Igoho-Moradel
Les baisses d’exposition aux antibiotiques demeurent inégales par espèce et sont moins marquées chez les animaux de compagnie. Face à ce constat, le plan ÉcoAntibio 3 affiche un objectif spécifique pour cette filière.
Une réduction de 15 % de l’exposition des animaux de compagnie aux antibiotiques. C’est l’objectif fixé par le nouveau plan ÉcoAntibio, dévoilé le 18 novembre dernier par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Lequel explique que pour pallier les phénomènes de variabilité annuelle de cette exposition, la référence sera la moyenne de la période triennale 2020-2022. Ce taux devra être atteint entre 2026 et 2028. Selon le ministère, ce défi est à relever en gardant en ligne de mire l'approche Une seule santé, car les animaux de compagnie étant en contact avec l'être humain, il y a urgence. Contrairement aux animaux de rente, le recours à ces traitements chez les chats et les chiens a augmenté sur les dernières années, après une baisse de 19,5% entre 2011 et 2016. Leur niveau d’exposition actuel (-2,6 %) est proche de celui estimé en 2011. L'usage des pénicillines a fortement augmenté ces dernières années. Cette hausse concerne plus particulièrement les comprimés associant de l’amoxicilline et de l’acide clavulanique : le niveau d’exposition pour ces comprimés en 2022 est 83,8 % supérieur à celui de 2011 et 47,8 % supérieur à celui de 2016. Ces traitements représentent désormais 46 % des prescriptions à destination des chats et chiens en 2022.
Un report des usages
« Lors du lancement d’ÉcoAntibio 1, entre 2011 et 2016, la filière des animaux de compagnie est déjà parvenue à réduire de près de 20% l’exposition aux antibiotiques. Cette tendance s’est ensuite inversée entre 2016 et 2022 », rapporte le ministère de l’Agriculture. Chez les chiens et les chats, le recours à ces traitements en 2022 est proche de celui estimé en 2011 (-3%). Autre constat rapporté par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) : une augmentation de la prévalence de certains profils de résistance bactérienne chez l’animal. C'est notamment le cas, depuis 2018, de la bactérie E.coli à l’amoxicilline, avec ou sans acide clavulanique. « Au début du suivi, en 1999, l’amoxicilline associée à l'acide clavulanique représentait près de 30 % des comprimés contenant des pénicillines ; ce pourcentage a atteint 83 % en 2011, puis 97 % en 2022 », détaille l’agence. Il faut rappeler que l’amoxicilline associée à l’acide clavulanique est classée dans la catégorie C « Attention », selon la catégorisation de l’AMEG*. Cela signifie que son administration est à envisager seulement s’il n’existe pas d’antibiotique efficace au plan clinique dans la catégorie D « Prudence ».
Préserver l’arsenal thérapeutique
Le plan ÉcoAntibio 3 veut endiguer les phénomènes de report sur l’amoxicilline, associée ou non à l’acide clavulanique, par « la promotion d’un usage raisonné, optimisé et diversifié des antibiotiques et par un effort de conservation d’un panel suffisant d’antimicrobiens », afin de préserver un arsenal thérapeutique en antibiothérapie « efficace et disponible » pour les vétérinaires. Ainsi, son action n°12 prévoit une sensibilisation des détenteurs d’animaux de compagnie et d’équidés aux risques de la résistance aux antimicrobiens et aux antiparasitaires, ainsi qu'une communication sur les risques de l’automédication. Outre les antibiotiques, le plan ÉcoAntibio 3 s’ouvre donc pour la première fois aux antimicrobiens et aux antiparasitaires. Il met l’accent sur la prévention non médicamenteuse via la biosécurité ainsi que sur la promotion des pratiques zootechniques (conduite d’élevage, sélection génétique, etc.) préventives des infections.