Terrain
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Marine Neveux Stéphanie Aubanel, directrice du Centre national d'informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) de VetAgro Sup à Lyon. D’après la conférence intitulée « État des lieux des intoxications d’origine végétale en France », présentée lors des journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef) du 8 au 10 novembre 2023, à Toulouse.
Lors du récent congrès de l'Avef à Toulouse, Stéphanie Aubanel (L 97) a présenté des remontées de terrain de cas pour lesquels les vétérinaires ont sollicité le centre antipoison. Comparativement aux années 2000, elle note de moins en moins d’appels concernant des équidés exposés à des pesticides. En revanche, il y a une nette augmentation des appels relatifs à des intoxications liées à des plantes. Suite à la diminution des pesticides, a été observée la résurgence de plantes dont certaines de nature toxique. Et le cheval de loisir étant en essor, dans des conditions de détention qui ne sont pas toujours maîtrisées, les équidés sont alors exposés à des ornements végétaux. Autre facteur : le changement climatique, qui modifie la flore des pâtures.
Les motifs
Le premier motif d'appel pour les équidés porte sur les anticoagulants (souvent des appels où l'animal est asymptomatique). En second, viennent les appels concernant des plantes, que ce soit pour des conseils ou des inquiétudes.
Le top 5 des plantes responsables d’une intoxication avec un tableau clinique révélant des symptômes est :
- Le gland de chêne ou les jeunes pousses. Avec les plantes, il reste difficile de prédire exactement la toxicité car il y a une grande variabilité de composition et les teneurs en composés toxiques peuvent fluctuer d'une glandée à une autre. La toxicité du chêne dépend donc de la quantité de glands produits, des tempêtes qui ont provoqué leur chute, etc. Les troubles associés sont digestifs en phase aiguë (diarrhée, coliques) et, en chronique, on peut avoir des atteintes rénales et cardiorespiratoires.
- Le robinier faux acacia : on retrouve souvent des conditions d’intoxication particulières. Les poteaux de clôture sont en acacia, or l’écorce est toxique. Si les chevaux la rongent, ils peuvent exprimer des troubles digestifs puis neurologiques, voir des troubles graves cardiorespiratoires.
- Le laurier-rose, plante essentiellement ornementale, est très toxique. On peut en retrouver dans le foin. La plante est dangereuse en raison des symptômes cardiaques (bradycardie et arythmie avec une mort rapide) qu'elle peut provoquer.
- La porcelle enracinée expose à une toxicité chronique. La plante doit être surveillée dans les pâtures. Elle provoque un trouble musculosquelettique caractéristique chez le cheval : le harper australien. Le traitement principal est l’éviction de la pâture.
- Les séneçons sont des plantes hépatotoxiques. Certaines pâtures en sont envahies. Une mortalité est possible. C’est une intoxication chronique, lente.
- L’if tue avec une létalité brutale. La toxicité est élevée même à faible dose et implique toute la plante sauf la pulpe des arilles. La prévention est essentielle.
Les écueils
Notre consœur met en garde contre certains écueils en toxicologie végétale. L'approche dépend du terroir, de la géographie, de la région. On a également des plantes exotiques importées qui sont envahissantes. La toxicologie végétale dépend aussi de la saison. Il y a des différences interannuelles, en fonction des sécheresses, des canicules. L’impact des stress environnementaux sur les végétaux peut aussi bien changer des paramètres.
Ultime pierre d'achoppement : beaucoup d’informations sur les intoxications végétales sont peu documentées. On a des extrapolations interspécifiques. Les remontées de terrain des vétérinaires sont vraiment importantes pour enrichir les connaissances et voir s’il y a nécessité à développer des méthodes d’analyse.