Les autovaccins : des outils incontournables de l’arsenal vaccinal des ruminants ? - La Semaine Vétérinaire n° 2016 du 05/01/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2016 du 05/01/2024

Conférence

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Jean-Paul Delhom

Article rédigé d’après la conférence portant sur « Les actualités des autovaccins des ruminants » présentée par Brigitte Trezzani (N 03), responsable des gammes Biologie et reproduction pour CEVA Santé Animale France, lors de la Journée des groupements techniques vétérinaires (GTV) de Bourgogne-Franche-Comté, qui s'est tenue à Beaune (Côte-d'Or) le 19 octobre 2023.

Les autovaccins peuvent être utilisés lorsque des vaccins avec autorisation de mise sur le marché (AMM) ne sont pas disponibles, inefficaces, ou en rupture de stock. En effet, ces vaccins, réalisés sur mesure pour un élevage particulier ou pour un groupe homogène d’animaux, sont « des outils intéressants à mettre en place pour faire face à des pathologies bactériennes sans solution satisfaisante et sont utiles pour diminuer le recours aux antibiotiques », selon le Dr vétérinaire Brigitte Trezzani (N 03).

« Un outil incontournable »

En France, les autovaccins sont uniquement bactériens et, alors que pour les petits ruminants ils sont utilisés fréquemment (surtout pour les mycoplasmes), en clinique bovine, le réflexe de recourir aux autovaccins reste encore à acquérir. Chez les bovins, les vaccins inactivés sont surtout utiles pour les traitements des Escherichia Coli et des salmonelles. Le protocole d'utilisation chez les petits ruminants ou chez les veaux de boucherie consiste à réaliser deux injections de 1 ml, à 4 semaines d’intervalle, tandis que pour les bovins il s'agira d'une injection de 2 ml. Celles-ci doivent être réalisées par voie sous-cutanée, avec des rappels a minima annuels. Comme l’a noté la conférencière, au vu des délais de fabrication, « il faut bien comprendre que la fabrication d’un autovaccin pour un lot de veaux ne sera utile que pour le lot suivant ».

Une réglementation stricte

D’un point de vue réglementaire, l’autovaccin est décrit dans l’article L.5141-2 du Code de la santé publique comme « un médicament vétérinaire immunologique utilisé pour le traitement d'un ou de plusieurs animaux d'un élevage ». Lors de sa fabrication, l'objectif est de provoquer une immunité active à partir d’organismes pathogènes inactivés provenant de l'élevage. Depuis 2017, l’utilisation des autovaccins est de nouveau autorisée pour les ruminants, à condition de réaliser des prélèvements adaptés (à partir d'une liste d’agents pathogènes bactériens autorisés à un instant donné et de matrices pouvant être utilisées). Si la liste des matrices est exhaustive pour les ruminants, elle est très limitée pour les petits ruminants. Comme l'a indiqué la conférencière : « Pour les petits ruminants non génotypés résistants aux encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles (ESST), on utilisera uniquement le sang, les urines, le lait ou les fèces. Si les animaux sont génotypés résistants aux ESST et âgés de plus de 3 mois, tous les organes peuvent être utilisés, sauf le système nerveux central.»

Des délais plus ou moins longs

Quand les conditions sont réunies pour la fabrication des autovaccins, un prélèvement est effectué pour isoler et identifier la bactérie. Avec une ordonnance vétérinaire et une demande Cerfa n° 15696*01, le vétérinaire peut demander de transférer les souches au laboratoire Filavie (seul laboratoire français certifié), afin qu'il fabrique l’autovaccin. Le délai pour une première demande est de 2 mois en moyenne, et l’autovaccin est ensuite envoyé au vétérinaire prescripteur. En ce qui concerne le génotypage caprin, cela nécessite 3 à 4 semaines de plus, sachant que peuvent venir s'ajouter des délais supplémentaires pour les cultures de mycoplasmes ou pour les demandes particulières. En effet, Filavie doit adresser une requête préalable à l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses) si le germe ou les matrices ne sont pas sur les listes ou si l’autovaccin est dirigé contre une souche présente dans un vaccin commercial. Comme l'a noté la conférencière, « la réalisation de l'autovaccin peut être assez complexe (vérification de la pureté de la souche, inactivation, etc.) et les modalités administratives s'avérer fastidieuses ».

Ordonnance mode d'emploi

Sur l’ordonnance signée, dix points doivent être renseignés. Il s'agit du nom du vétérinaire et de son numéro d’ordre, du nom du propriétaire de l’animal, des agents pathogènes, du nombre de doses, de la présentation, du volume par dose, de la voie d’administration, de l'excipient et du schéma vaccinal. Le Cerfa doit être établi en 3 exemplaires.