Résultats d’une enquête sur la biosécurité dans les élevages bovins - La Semaine Vétérinaire n° 2019 du 02/02/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2019 du 02/02/2024

Élevages

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Ségolène Minster

GDS France, qui fédère l’ensemble des Groupements de défense sanitaire, met à disposition sur son site internet une grille d’autoévaluation, qui permet aux éleveurs bovins d’estimer le niveau de biosécurité de leur élevage. Une étude a été menée à partir de 460 questionnaires saisis en ligne entre janvier 2021 et novembre 2023, afin de déterminer les pratiques de biosécurité les mieux maîtrisées, et celles à améliorer. En premier lieu, l'analyse des questionnaires d'autoévaluation1 montre la diversité de l'origine géographique des répondants, répartis sur 65 départements, même si certains étaient mieux représentés que d'autres, sûrement du fait d’un historique fort de sensibilisation des éleveurs par les Groupements de défense sanitaire (GDS). Chaque éleveur est questionné sur la biosécurité, à travers 6 grands thèmes portant sur les risques sanitaires liés au pâturage ; aux introductions et mélanges de troupeaux ; aux intervenants en élevage, aux visiteurs et au matériel en commun ; à l’abreuvement, l’alimentation, l’environnement ; aux pratiques d’hygiène et de conduite de troupeau ; aux pratiques qui pourraient exposer cheptels voisins et humains aux pathogènes de l’élevage.

La gestion des troupeaux plutôt bien maîtrisée

Les premiers résultats de l'étude2 révèlent que les éleveurs considèrent, dans leur majorité, bien maîtriser l’introduction d’animaux dans leur élevage et 86 % déclarent réaliser systématiquement un dépistage à l’achat. Il est préférable de réaliser un dépistage chez le vendeur avec un transport direct de l’animal, notamment dans le cas où une vraie quarantaine peut difficilement être mise en place sur l'exploitation (vache en lactation ou période de pâturage).

Concernant le risque lié aux contacts entre les troupeaux, la majorité des éleveurs ayant répondu (88 %) estime bien entretenir les clôtures, mais une moitié (51 %) seulement d'entre eux estime correctement gérer ce risque par la mise en place de doubles clôtures ou d'un système de pâturage alterné. L’étude estime que les efforts de sensibilisation à ce niveau devraient être renforcés, car le contact « mufle à mufle » entre voisins de pâtures est une source de danger sanitaire en étant une voie de transmission importante de la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR), la diarrhée virale bovine (BVD) ou la tuberculose.

Par ailleurs, 80 % des éleveurs déclarent avoir recours systématiquement au vétérinaire en cas de problèmes sanitaires (avortements, mortalité anormale, etc.).

Les contacts extérieurs, source d'améliorations possibles

Les éleveurs considèrent ne pas complètement gérer le risque humain représenté par la présence des intervenants et des visiteurs. « Seulement 34 % d’entre eux ont déclaré disposer d’une sectorisation de leur élevage avec un plan de circulation et d’un système de lavage des bottes à l’entrée et à la sortie de l’élevage pour tous les intervenants. ». En revanche, la moitié des éleveurs déclare maîtriser le risque d’isolement des malades et la marche en avant (des animaux les plus sensibles aux moins sensibles). La présence de vraies infirmeries en élevage bovin reste rare.

La prévention des contaminations par la faune sauvage est également un point moyennement maîtrisé : un tiers des répondants ne gère pas totalement ce risque, notamment autour des points d’eau naturels pour l’abreuvement. De même, un quart des éleveurs ne parvient pas à bien protéger les stocks d’aliments de la faune sauvage. La lutte contre les nuisibles semble mieux maîtrisée par 63 % des répondants. Mais la moitié des éleveurs seulement indique maîtriser la gestion des cadavres destinés à l’équarrissage, en les mettant à l’abri de la faune sauvage et des animaux domestiques. Ceci nécessite une zone de stockage adaptée, voire une cloche de protection.

Bien que la majorité des éleveurs estime maîtriser correctement les mesures de biosécurité en élevage, la grille d’autoévaluation peut s'avérer un support d’information et de sensibilisation aux mesures de biosécurité, en complément du guide de bonnes pratiques de biosécurité3 disponible sur le site des GDS.
 

  • 1. Pour consulter la grille d’autoévaluation de la biosécurité en élevage bovin : urlz.fr/poKi 
    2. Premiers résultats de l’analyse des grilles d’autoévaluation : urlz.fr/poKw
    3. Pour consulter le guide des bonnes pratiques en élevage bovin : urlz.fr/poKt