Bilan de la surveillance épidémiologique en France - La Semaine Vétérinaire n° 2020 du 09/02/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2020 du 09/02/2024

Veille sanitaire

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Ségolène Minster

Avec son dernier bulletin épidémiologique consacré aux maladies réglementées et émergentes, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) et la Direction générale de l’alimentation (DGAL) dressent un bilan à partir des résultats issus de différents dispositifs de surveillance épidémiologique de plusieurs maladies des ruminants, qui ont été mis en place ces dernières années.

Encéphalopathie spongiforme bovine

Au cours de l’année 2022, un seul cas d’ESB atypique type H a été détecté par le réseau national d’épidémiosurveillance, parmi les 180 000 bovins testés. Suspect clinique avant sa mort, ce bovin allaitant âgé de 12 ans présentait des troubles locomoteurs : difficultés à se lever et à se tenir debout, tendance à tourner en rond et démarche en crabe. Ce tableau est conforme à l’épidémiologie de l’ESB atypique, marqué par une incidence faible (<1 cas pour 100 000 animaux) et un âge de diagnostic plus élevé (12,5 ans) que pour la forme classique.

Encéphalopathie spongiforme transmissible des petits ruminants

En 2022, 9 cas de tremblante atypique ont été décelés, 7 chez les ovins et 2 chez les caprins. Depuis 2002, il n’y a eu aucun cas de tremblante typique. Ces cas ont été détectés via la surveillance programmée, qui a lieu à l’abattoir et à l’équarrissage. Il s’agit d’un dépistage annuel devant respecter a minima l’échantillonnage prévu par la réglementation européenne, à savoir 5 000 ovins et 5 000 caprins de plus de 18 mois à l’abattage, et 15 000 ovins et 15 000 caprins de plus de 18 mois à l’équarrissage. Ces objectifs ont été atteints en 2022 pour les ovins, pas pour les caprins. Les autres modalités de surveillance (événementielle ou clinique et lors des contrôles sanitaires obligatoires) n’ont pas détecté d’autres cas. Le maintien de la prévalence des tremblantes à un taux très faible est expliqué par les mesures de contrôle mises en place dans les cheptels atteints et, pour les ovins, par la sélection progressive d’animaux génétiquement résistants.

Brucellose des petits ruminants

Depuis 2003, aucun foyer de brucellose en élevage de petits ruminants n’a été détecté en France métropolitaine. Et depuis 2021, les départements métropolitains affichent le statut indemne. La surveillance est événementielle, à travers les déclarations d’avortement, et programmée, via des dépistages sérologiques réguliers. Le nombre d’avortements déclarés est resté stable sur la période 2015-2022, avec 6 333 déclarations en 2022 dans environ 1 800 troupeaux, donnant lieu à un troupeau suspect sur la base des études bactériologiques et sérologiques réalisées. L’étude constate une forte variabilité des déclarations d’avortement selon les départements, oscillant entre 0 et 15 % des exploitations. Ces contrastes suggèrent une sous-déclaration des avortements, ce qui est un point de vigilance pour assurer la viabilité du dispositif. L’article analyse également la distribution des frais engagés par l’État pour la surveillance.

Tuberculose à Mycobacterium bovis

La France est reconnue indemne de tuberculose à Mycobacterium bovis. Néanmoins, des foyers bovins et sauvages sont régulièrement détectés sur le territoire métropolitain. En 2021, 99 élevages bovins ont été confirmés infectés, ainsi que 173 blaireaux dans des zones géographiquement proches. Comme les années passées, la distribution des foyers détectés est hétérogène sur le territoire et marquée dans les zones d’enzootie (Nouvelle-Aquitaine, Corse, Normandie, Occitanie et Côte-d’Or).

Hypodermose bovine ou varron

Il n’y a eu aucun foyer d’hypodermose bovine sur la période 2022-2023, ce qui confirme le statut indemne du territoire national. L’étude constate une augmentation de résultats séropositifs, sans conclure à des infestations. Le varron n’est pas une maladie réglementée au niveau européen, mais un dispositif de surveillance est en cours d’élaboration par les Groupements de défense sanitaire (GDS).

  • Source: 
    Bulletin épidémiologique Santé animale - Alimentation, N°100, Spécial Maladies animales réglementées et émergentes, Anses, ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, décembre 2023. bitly.ws/3bsAj