Urgences
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Anne-Claire Gagnon Conférenciers Article rédigé d’après des conférences présentées au congrès de la British Small Animal Veterinary Association (BSAVA), qui s'est déroulé du 23 au 25 mars 2023 à Manchester (Royaume-Uni).
Emily Thomas, spécialiste en urgentologie et soins intensifs, praticienne à Cambridgeshire (Royaume-Uni),
et Kieran Borgeat, spécialiste en cardiologie, praticien à Wiltshire (Royaume-Uni)
L’une des difficultés de la prise en charge des chats dyspnéiques est parfois de les repérer avant même qu’ils ne halètent, dès lors qu'ils ont le souffle très court, se déplacent avec économie et que le moindre geste brutal, pendant le transport jusqu’à la clinique ou lors de l’examen, peut faire décompenser dramatiquement. Parmi toutes les décisions à prendre avec un chat dyspnéique, celle de le placer sous oxygène est clairement vitale, dès lors qu’il est en hypoxémie ou en risque de l’être (SpO2 < 93 %, PaO2< 70 mmHg). L’approche « Chat-micale » est ici essentielle : privilégier l’oxygénation dans leur cage, avec un flexible, ou dans une véritable cage à oxygène (grande, de préférence). Une oxygénothérapie pendant 10 à 15 minutes permet souvent de les améliorer avant l’examen clinique.
L’échographie, le stéthoscope visuel qui change la vie
Au fil des années, les discours des experts se sont affinés et affirmés, sans pour autant complexifier la vie des praticiens, bien au contraire. Kieran Borgeat, spécialiste en cardiologie, a été radical : ne jamais faire de radiographie avant la stabilisation complète du patient félin, en position sternale, avec de l’oxygène. Il faut prendre le temps d’observer la respiration du chat, en comprenant que plus l’espace pleural est rempli par un épanchement, plus l’amplitude des mouvements respiratoires sera discrète. La discordance (ou respiration paradoxale) n’est pas pathognomonique d’un épanchement pleural. Après avoir posé son stéthoscope au bon endroit (entre le 7e et le 9e espace intercostal), et en sachant à quoi correspondent les sons (ou leur absence), il est utile de compléter son examen clinique par l’échographie, grâce à un « stéthoscope visuel »1 utilisable sur le thorax d’un chat, toujours en position sternale, soit sur la table d’examen soit dans le bas de sa cage. Tous les conférenciers ont rendu hommage au duo d’échographistes canadiens Soren Boysen et Serge Chaloub, qui ont contribué avec Greg Lisciandro2 à populariser la technique du T-FAST ou Vet Pocus.
Reconnaître la dyspnée d’origine cardiaque
Emily Thomas a souligné l’importance pour l’équipe d’avoir une approche coordonnée. La détresse respiratoire du patient félin est stressante pour tous. Les 3 origines principales des dyspnées ont des fréquences différentes et sont souvent corrélées avec l’âge du chat : plus souvent traumatique pour un jeune chat (16 %), cardiaque pour un chat adulte (65 %) et oncologique pour un chat plus âgé (10 %), avec des exceptions aux données statistiques.
Lorsque la détresse respiratoire est majeure, laissant soupçonner une origine cardiaque, l’injection de furosémide (y compris en aveugle) est indiquée (sans dépasser 12-15 mg/kg/j), car elle apporte souvent une amélioration clinique spectaculaire en quelques minutes. Le butorphanol (0,2 mg/kg en IM ou 0,1 mg/kg en IV) est l’analgésique de choix dans cette situation terriblement anxiogène pour l'animal.