Comment prévenir le burn out - La Semaine Vétérinaire n° 2022 du 23/02/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2022 du 23/02/2024

Santé mentale

ENTREPRISE

Auteur(s) : Par Anne-Claire Gagnon

Si la profession vétérinaire est durement touchée par le burn out1, elle n’en a pas le triste privilège. Les médecins aussi, et particulièrement les chefs de service hospitaliers, sont frappés par ce syndrome d’épuisement professionnel. Le pédopsychiatre Olivier Revol partage ici son approche.

Le pédopsychiatre et chef du service de psychopathologie aux Hospices civils de Lyon, Olivier Revol est récemment intervenu auprès du ministère de la Santé sur le sujet des problèmes d’attractivité à l’hôpital. Il livre ici ses explications et conseils sur le burn out dans la profession vétérinaire. Selon lui, la sur-représentation des HPI (haut potentiel intellectuel) y expliquerait la fatigue d'empathie (fatigue de compassion en anglais) et le syndrome de l’imposteur2. Pour éviter ce sentiment d'incompétence, « au lieu de voir ses erreurs, tout ce que l’on pense avoir raté, il est essentiel pour chacun de nous d’accepter d’être imparfait. Or, la prépa (avec les concours/compétitions) est un système de sélection fautif qui fait le lit des altérations de la santé mentale. Il serait salutaire/utile de revoir le mode de sélection », estime-t-il.

Il poursuit : « Pour les vétérinaires, le burn out est souvent le fait d’un excès d’empathie, de perfectionnisme ("Je n’ai pas réussi mon intervention – que ce soit une conférence ou une chirurgie –", "Je n’ai pas pu sauver cet animal") avec une hypersensibilité aux propos des propriétaires, décuplés par la violence de l’outil numérique. »

Les conseils 

Olivier Revol livre plusieurs conseils à destination des personnes en souffrance :

- Reconnaître qu’on est en difficulté ;

- Admettre qu’on peut/doit demander de l’aide. Pour illustrer mon propos, j’utilise souvent l’exemple de la procédure en cas de dépressurisation en avion : l’hôtesse vous demande de poser d’abord le masque à oxygène sur votre visage avant d’aider l’enfant à côté de vous à mettre le sien. Il faut d’abord se porter assistance pour porter assistance, donc d’abord se soigner pour bien soigner l’autre. Ça n’est donc pas une faute de penser à moi avant de penser aux autres ;

- Trouver le temps et l’envie de consulter ;

- Trouver le bon psy, de préférence connaissant bien la neurodiversité car en vétérinaire il y a une sur-représentation des HPI, avec un syndrome de l’imposteur qui est souvent violent et qu’il faut soigner. 

Avec l’expérience, Olivier Revol a formulé quelques adages pour aider ses patients, sachant qu'ils peuvent être utiles à tous : « Prends ce qu’on te donne. N’attends rien de personne. Ne donne pas trop (une vraie stratégie de prévention de l’épuisement). »

  • 1 Selon une étude publiée en mai 2022, les vétérinaires ont un indice d'épuisement émotionnel 1,2 fois supérieur à celui de l'échantillon de référence de la population générale. bitly.ws/3dhHv
  • 2 Comment sortir de la triade perfectionnisme, imposture, burn out. La Semaine Vétérinaire n° 2001 du 1er septembre 2023 bitly.ws/3dhyv