EXPRESSION
Auteur(s) : Propos recueillis par Chantal Béraud
Convient-il de repenser les syndicats vétérinaires ? Représentent-ils le meilleur ou l’unique moyen de s’engager sur la place publique ? Les avis divergent…
Jean-Luc Angot (T 82)
Président honoraire de l’Académie vétérinaire de France
Créons un collège de référents
La Fédération des syndicats vétérinaires de France (FSVF) se prononce au nom de tous les membres qu’elle représente. De ce fait, ses positions sont souvent le résultat du plus petit dénominateur commun… Pas facile alors d’être audible, d’autant plus que la voix de la profession vétérinaire est loin d’être prise en compte quand les acteurs de la santé sont consultés dans leur ensemble ! En conséquence – et on pourrait presque dire par défaut car ce n’est pas vraiment son rôle – c’est fréquemment l’Ordre des vétérinaires qui est amené à prendre position pour tous… Vus hors de notre sphère (médias, monde politique, etc.), les différents acronymes représentent une sorte de « jungle » obscure, voire indéchiffrable ! Il faudrait donc constituer un collège national de vétérinaires référents chargé de représenter la position commune vétérinaire sur certains grands sujets de société (durabilité, bien-être animal, relations humain-animal…). En revanche, pour les sujets au cœur de nos pratiques, les syndicats et organismes professionnels fonctionnent bien.
Emmanuel Bénéteau (T 91)
Président du Syndicat national des vétérinaires salariés d’entreprise (SNVSE)
Il faut des changements majeurs
Les professions vétérinaires étant diverses, impossible de parler d’une seule voix, sauf au travers de la Fédération des syndicats vétérinaires de France (FSVF), qui joue d’ailleurs très bien son rôle consensuel… Donc, au lieu d’essayer de la « torpiller » sans arrêt, donnons-lui au contraire plus de poids, notamment en augmentant ses ressources financières. Par ailleurs, ce sont les syndicats qui sont les plus légitimes pour représenter politiquement les vétérinaires en exercice, d’une manière démocratique et diversifiée. Mais leurs voix sont en permanence brouillées par différentes organisations techniques, éthiques, voire militantes… Que chacun reste réellement dans son rôle et dans ses missions, en cessant ce mélange des genres ! Autrement, le risque est que la voix syndicale ne soit plus entendue en étant, par exemple, remplacée par une seule expertise technique (qui arrange plus facilement ses interlocuteurs). Or, seuls des syndicats peuvent opposer à l’État des arguments politiques pouvant parfois vraiment changer la donne…
Guerric Radière (T 09)
Collaborateur libéral en canine à Paris et consultant AnimAll
Plus de fermeté !
Sur les sujets les plus sensibles, je pense que l’Ordre des vétérinaires, les syndicats et, surtout, les associations professionnelles doivent être consultés par les autorités de façon proactive. Une prise de position claire permettrait de faire valoir l’expertise de la profession, par exemple en faveur du bien-être animal et de ceux qui en sont les garants. Idéalement donc, il faudrait que la profession parle d’une seule voix pour parvenir à parfois s’imposer sur certains grands sujets de société liés à l’animal. En outre, il conviendrait de s’assurer que les autorités développent davantage de moyens, notamment en matière d’arsenal juridique et /ou législatif. Par exemple, dans la lutte contre la maltraitance animale, des acteurs d’actes cruels écopent encore seulement d’amendes mineures. Pour le reste, chaque vétérinaire, à titre individuel, reste également libre de s’engager dans des associations et/ou des collectivités. C’est enfin aussi dans sa propre pratique que chacun peut réellement mettre en œuvre quelques-uns des grands principes auxquels il tient.