FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Ségolène Minster
L’Institut de l’élevage (Idele) a mené des recherches sur les performances techniques et économiques de l’ensilage de maïs épi (EME) comme complément dans l’alimentation des vaches laitières. Le 6 février 2024, un webinaire a présenté les résultats de ces essais.
Les spécificités de l’EME
Dans l’ensilage de maïs épi, le grain mais aussi les spathes (organes foliaires qui entourent les grains) et la rafle (support pour l’insertion des grains) sont broyés et conservés par ensilage. Ce fourrage facile d’utilisation, à condition de respecter certaines conditions de conservation et de distribution, a plusieurs atouts. Il concentre en énergie la ration, apporte fibres et protéines et est autorisé en productions Indication géographique protégée (IGP). Le maïs épi est à considérer comme un concentré, avec une dégradabilité ruminale plus élevée que celle du maïs grain sec (MGS). Sa haute densité énergétique permet d’ajuster des rations pour les animaux à haut niveau de production, à raison de 1 à 5 kg MS/j, d’introduire des fourrages riches en protéines et de maintenir la densité énergétique des rations à base d’herbe, jusqu’à 6-8 kg MS/ j. Lors de la récolte, une vigilance doit être portée à l’éclatement des grains, afin de favoriser leur digestion : ils doivent être en majorité fractionnés en 8 morceaux et aucun grain entier ne doit subsister.
L’EME accroît-il l’autonomie alimentaire ?
Un essai a été mené à la ferme expérimentale de Trévarez, en Bretagne, en élevage conventionnel prim’holstein durant deux hivers. Le troupeau test recevait de l’EME à raison de 5,2 kg de MS/VL/j en complément d’ensilage d’herbe (12,8 kg MS/VL/j), tandis que le troupeau témoin recevait de l’ensilage de maïs (15,6 kg MS/VL/j) et d’herbe (3,6 kg MS/VL/j). 160 lactations ont été valorisées sur les deux ans de recherche. Dans cette étude, le troupeau test a montré une baisse de l’ingestion, de la production de lait de 7 kg/jour par vache laitière et du taux protéique. La ration test était très autonome et peu coûteuse, mais les performances étaient dégradées. Une économie potentielle serait réalisable sur le correcteur azoté.
Qu’apporte l’EME en élevage biologique en hiver ?
Un autre essai a, lui, été mené sur le troupeau biologique de la ferme expérimentale de Trévarez, qui comprend 50 vaches croisées. Les vaches disposaient d’ensilage d’herbe précoce à volonté, de céréales au robot et de 5 kg MS/VL/j d’ensilage de maïs ou de maïs épi (EME). Les résultats ont montré dans le groupe EME une hausse de l’ingestion, de la production laitière (+1 kg de lait/VL/jour), du taux butyreux (+1,5 g/kg en première année) et pas d’effet sur le taux protéique. L’EME enrichit la ration en énergie, à condition d’être utilisé avec des fourrages de qualité.
Quels résultats en zone IGP de Savoie ?
L’EME est fortement utilisé sur la zone : 2/3 des éleveurs y ont recours pour densifier la ration en énergie, à raison de 8 à 11 kg brut à 55 % de MS, l’alimentation de base étant le foin. La période d’autorisation de l’EME s’étend du 1er octobre au 1er mai. Sur ce territoire, l’EME présente un potentiel de rendement supérieur à l’orge, avec un point de vigilance : le maïs est une culture de printemps, sensible aux aléas climatiques, sécheresse et fortes chaleurs estivales. Cet aliment densifie les rations à un coût maîtrisé.
Des atouts, pas de miracle
En complément de fourrages herbagers de bonne qualité, l’EME présente des atouts. C’est un aliment qui densifie la ration en énergie, est moins acidogène que le blé ou l’orge, peu coûteux et autorisé en IGP. L’éleveur doit être attentif à l’éclatement des grains et à la bonne tenue du silo (risque d’échauffement). Dans certains cas, l’EME peut altérer l’ingestion, la production. Dans ces études, l’incidence de l’EME sur la santé et la reproduction n’a pas été évaluée.