Certificat d’engagement et de connaissance : un bilan positif ? - La Semaine Vétérinaire n° 2024 du 08/03/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2024 du 08/03/2024

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Tanit Halfon

Instaurée par la loi du 30 novembre 2021 de lutte contre la maltraitance animale, la signature de ce certificat est obligatoire depuis le 1er octobre 2022 pour les acquéreurs d’un animal de compagnie. Les vétérinaires peuvent théoriquement être sollicités pour le délivrer.

Benoît Baud’huin (T 02)

Praticien canin à Gaillac (Tarn)

BenoitBaudhuin.jpg

Une première étape

Dans l’absolu, l’initiative apparaît louable. Les éleveurs professionnels que nous suivons ont eu au départ quelques réticences, mais aujourd’hui, la mesure est globalement bien appliquée. De notre côté, nous sommes relativement peu sollicités. Pour autant, force est de constater que, sur le terrain, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous : la SPA a annoncé pour l’année 2023, une hausse du nombre d’abandons par rapport à l’année précédente. On constate toujours des achats dictés par des effets de mode. Des animaux sont cédés sans identification… La mesure n’est pas du tout, non plus, entrée dans les mœurs des particuliers. Pour moi, il faut le voir comme une première étape dans la lutte contre la maltraitance animale. L’interdiction plus récente de la vente des chats et chiens en animalerie* risque d’être intéressante. L’addition de toutes ces mesures va aider à faire de plus en plus prendre conscience que les animaux ne sont pas des objets.

Sabine Arbouille (T 99)

Praticienne canine à Mont-de-Marsan (Landes)

SabineArbouille.JPG

Cela ne concerne pas les vétérinaires

Cette mesure concerne avant tout les cédants de chats et chiens, et pas les vétérinaires. Le certificat est fourni par le vendeur, n’engage que lui et les personnes qui le signent. De notre côté, nous continuons à faire des certificats de santé avant cession… Pour ma part, je n’ai fourni aucun certificat d’engagement, d’ailleurs aucune signature vétérinaire n’est prévue. Je ne pense pas que cela changera grand-chose pour la maltraitance animale : les personnes qui n’allaient pas chez le vétérinaire n’iront pas plus, certificat ou pas. Le seul avantage est que le document devant être rempli 7 jours avant l’adoption, cela peut éviter les achats impulsifs en exposition… Comme beaucoup de vétérinaires, je m’engage déjà au quotidien pour le bien-être du duo animal-humain, durant les consultations chiot ou adulte adopté, où je prends tout le temps pour expliquer les besoins de l’animal, et les devoirs des maîtres.

Thierry Bedossa (A 89)

Praticien canin à Neuilly-sur-Seine (Ile-de-France)

ThierryBedossa.jpg

Une incidence nulle

Cette mesure était à la base totalement hors sol. Comment a-t-on pu croire que l’on pourrait responsabiliser un futur détenteur avec ce document ? Sur le terrain, cela ne change absolument rien. En tant que dirigeant de deux refuges, j’ai toujours autant de demandes d’abandons de chiens adoptés dans l’année écoulée. Le problème des adoptions ratées est que les gens sont dans une posture d’achat d’un produit de marque, qui est associé à une certaine image, ou statut. C’est sur ce point qu’il faudrait travailler, et ce sont les éleveurs qui sont en première ligne pour le faire. Ils ont une grande responsabilité du devenir de certains chiens qui ont été adoptés par des foyers totalement néophytes, ce qui se traduit par de grandes souffrances pour les chiots et des abandons, voire des euthanasies. Faire cesser la dérive de marchandisation passe aussi par favoriser les adoptions en refuges.

  • * Cette interdiction est effective depuis le 1er janvier 2024.