Les animaux de compagnie non traditionnels : anticiper les risques zoonotiques - La Semaine Vétérinaire n° 2024 du 08/03/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2024 du 08/03/2024

One Health

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Par Jean-Paul Delhom

Jeanne Brugère-Picoux (A 69) a donné une conférence sur les risques liés au contact des enfants avec les animaux de compagnie non traditionnels (ACNT), à l’École nationale vétérinaire d'Alfort, lors des journées universitaires du Service de santé et de secours médical (SSSM)*. Un enjeu de Santé publique qui s'inscrit dans le cadre du concept d'Une seule santé. Décryptage.

Les ACNT font courir un risque de transmission directe ou indirecte d’un agent pathogène zoonotique. Elle peut se faire via des baisers, l'eau contaminée des aquariums, l'inhalation lors de psittacose, par traumatismes (envenimation, constriction, morsure, griffure, etc.). Différents facteurs les favorisent comme les mains sales, la présence de l'animal dans la chambre, les contaminations croisées avec l’alimentation, le bain, etc.

De multiples agents pathogènes

En 30 ans, aux États-Unis, 13 décès liés à la détention de reptiles (constriction, envenimation) ont été recensés. Les morsures et griffures peuvent générer la fièvre de la morsure du rat (causée par la bactérie Streptobacillus moniliformis) ou diverses infections à pasteurelles.

Plusieurs virus sont transmissibles par les ACNT aux enfants : lyssavirus de la rage lors d’importations illégales de macaques ou de chauves-souris, hantavirus de Séoul par les rats sauvages, etc. Ce virus peut causer une maladie bénigne, mais dans de rares cas, la personne peut développer une fièvre hémorragique avec un syndrome rénal, mettant sa vie en danger.

La chorioméningite lymphocytaire est transmise par la souris et le hamster surtout chez les personnes immunodéprimées. Aux États-Unis, Aux États-Unis, des rats de Gambie importés d’Afrique et infectés par le monkeypox ont contaminé des chiens de prairies ayant à leur tour contaminé leur propriétaire (71 cas de contamination en 2003). Des rats de compagnie asymptomatiques (vendus en Allemagne en 2008 et en France en 2009) en provenance de la République tchèque ont entraîné des cas de cowpox. 

Certaines maladies bactériennes peuvent être associées aux reptiles et aux amphibiens mais aussi aux rongeurs et aux volailles (salmonelloses). Aux États-Unis, en 2009, une épidémie de salmonellose (50 cas) s’est développée chez des enfants qui avaient embrassé un crapaud comme dans un film d'animation !

Les salmonelloses aviaires se transmettent essentiellement par les œufs (8 241 cas en 10 ans outre-atlantique). 

Les bovins sont un réservoir potentiel de colibacilles qu’ils transmettent à l’humain par le lait ou la viande ou par contamination alimentaire.

Respecter des mesures de biosécurité

Dans les fermes pédagogiques en Pennsylvanie de septembre à novembre 2000, 51 maladies ont été recensées (colibacilloses, cryptosporidioses). Des recommandations de mesures d’hygiène ont été publiées par la suite. D’autres maladies bactériennes peuvent être observées (campylobactériose, chlamydiose, psittacose, leptospirose, streptobacillose, mycobactéries).

Les dermatophytoses sont les zoonoses les plus fréquentes. Trichophyton mentagrophytes ou Trichophyton verrucosum peuvent en être la cause. Les hérissons peuvent transmettre une teigne à Trichophyton erinacei. À l’ENVA, une étude sur 431 hérissons a montré 2,5 % d'animaux positifs. Un cas de teigne à Trichophyton benhamiae, transmis par un porc de Guinée, a aussi été relevé.

Enfin, dans les zoos et parcs aquatiques, les otaries peuvent être porteuses de Mycobactéries. Mycobacterium marinum provoque le granulome des aquariums. Les bassins tactiles des aquariums sont à risque pour l’enfant, mais aussi pour le poisson.

Une meilleure connaissance de ces zoonoses est donc nécessaire. Les mesures de biosécurité s’imposent aussi bien à domicile que dans les lieux publics en particulier pour l’enfant de moins de 5 ans. 

  • * Lire le dossier de La Semaine Vétérinaire n° 2021 du 16/02/2024