Cancérologie
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Mylène Panizo CONFÉRENCIER GABRIEL CHAMEL (L 13), diplômé de l’European College of Veterinary Internal Medicine (oncology), spécialiste en cancérologie à la clinique Anicura Armonia, de Villefontaine (Isère). Article rédigé d’après la conférence « Réaction post-vaccinale : règle du 3-2-1 », présentée au congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), le 1er décembre 2023, à Lille (Nord).
Les réactions vaccinales chez le chat sont rares. Elles se manifestent majoritairement par des tuméfactions inflammatoires cutanées et de la douleur au site d’injection. Le diagnostic différentiel d’une masse post-vaccinale comprend des processus inflammatoires et néoplasiques. Sur des bases déclaratives, on note 12 tuméfactions pour 10 000 doses, dont 2,7 % sont des sarcomes.
Le développement d’un sarcome serait lié à une inflammation chronique due à un traumatisme sous-cutané. Les injections vaccinales présentent un risque supérieur à d’autres types d’injection en raison de leur nature (induction d’une réaction inflammatoire pour développer une réaction immunitaire).
La règle du 3-2-1
La règle du 3-2-1 est un moyen mnémotechnique qui a pour objectif d’identifier des tuméfactions post-vaccinales à risque. Elle se décompose comme suit :
- « 3 » = 3 mois. Si la lésion persiste plus de 3 mois après la vaccination, elle doit être considérée comme suspecte. En effet, 96 % des tuméfactions inflammatoires sont résolues au bout de trois mois et 80 % en 45 jours.
- « 2 » = 2 cm. Si la lésion mesure plus de 2 cm, elle est suspecte. 70 % des tuméfactions inflammatoires post-vaccinales mesurent moins de 2 cm.
- « 1 » = augmentation de taille en l’espace d’1 mois après la découverte. Le caractère rapidement évolutif de la masse est en faveur d’un processus néoplasique.
Il importe de consigner la date et le site anatomique de l’injection vaccinale. Si une masse apparaît, il faut la mesurer précisément en centimètres et planifier un suivi (dans les 15 à 30 jours maximum).
La présence d’1 seul des 3 critères de la règle 3-2-1 doit alerter le praticien et l’inciter à réaliser des examens complémentaires.
Examens complémentaires
La cytologie présente une spécificité et une sensibilité faibles (50 %), surtout pour les sarcomes de bas grades. En effet, la plupart du temps, des populations cellulaires variées coexistent (inflammatoires et fibroblastiques). La cytologie permet surtout d’exclure d’autres types lésionnels (lymphome, mastocytome), et de renforcer la suspicion de sarcome.
L’examen complémentaire de choix est la biopsie incisionnelle, afin de réaliser un examen histopathologique. La sensibilité et la spécificité dépendent de l’échantillonnage (importance du nombre et de la localisation des biopsies), mais elles sont considérées bien meilleures que celle de l’examen cytologique.
Prise en charge et recommandations
En cas de sarcome, il est recommandé d’effectuer un bilan d’extension (scanner). Ce dernier permet également de prévoir le plan chirurgical. En effet, la taille de la tumeur est généralement sous-estimée (d’un facteur deux) en la mesurant manuellement.
La chirurgie est le traitement de choix. L’exérèse doit être large (marges d’au moins 3 à 5 cm). La radiothérapie post-chirurgie est préconisée afin de prévenir au maximum les récidives.
Le Groupe d’étude en oncologie (GEO) de l’Afvac a publié en 20221 un consensus sur les sarcomes félins. Un guide de bonnes pratiques pour limiter la survenue de ces tumeurs est également disponible2. Les bonnes pratiques recommandent de limiter le nombre d’injections chez le chat et de vacciner le plus distalement possible (afin de faciliter la résection d’une éventuelle tumeur), en regard du tibia, au niveau de la cuisse ou au-dessus des coudes.
Le type de vaccin ne semble pas avoir d’impact sur le risque de développement d’un sarcome, mais le risque augmente avec le nombre de valences injectées par site. Il semble donc préférable de réaliser 2 injections à 2 endroits différents pour une vaccination trivalente (typhus-coryza en 1 point, leucose en 1 autre) plutôt que de mélanger dans la même seringue les 3 valences.