EDITO
Auteur(s) : Valentine Chamard
Un fléau à l’échelle européenne. Face à une demande accrue d’animaux de compagnie en Europe de l’Ouest, un business florissant, mais illégal, s’est développé pour achalander ce juteux marché. Au détriment du bien-être des animaux (souvent issus d’usines à chiots, transportés trop jeunes dans des conditions indignes, non vaccinés), des acheteurs (qui se retrouvent avec un animal malade, non sociabilisé), des éleveurs consciencieux, de la santé publique (recrudescence de la brucellose, risque de rage) et de l’État (privé de recettes fiscales). Documents officiels falsifiés, filières bien rôdées, transactions en ligne, manque de traçabilité, absence de contrôles aux frontières et méconnaissance des acheteurs forment la clé de voûte de ce trafic qui concernerait 2,4 millions de chiens chaque année. Six ans après que les associations vétérinaires européennes ont tapé du poing sur la table1, et après de nombreux états des lieux et groupes de travail, l’Union européenne s’est dotée en 2022 d’un plan d’action2, avec un programme de lutte coordonné entre États membres, et vient de publier un rapport détaillant ses initiatives, dont une meilleure connaissance du mode opératoire des trafiquants. La France, qui a investi dans des moyens, y fait figure de bonne élève, notamment grâce à son fichier national qui enregistre les anomalies d’identification signalées par les vétérinaires, qui jouent un rôle central en matière de sensibilisation des acheteurs, de surveillance sanitaire et d’alerte. Prochaine étape pour l’Europe, la mise en place dans chaque État membre de bases de données d’identification, interopérables entre elles.