Reproduction
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Mylène Panizo Conférencière FRANÇOISE LEMOINE (A 91), présidente du Groupe d’étude en reproduction élevage et sélection (Geres) de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), praticienne en reproduction et néonatalité au centre hospitalier vétérinaire Atlantia de Nantes (Loire-Atlantique). Article rédigé d’après la webconférence « Actualités autour des implants », organisée par le CHV Atlantia, le 27 juin 2023.
L’implant de desloréline
L’implant de desloréline relargue de façon continue un agoniste de la GnRH. Il entraîne une inhibition hypophysaire et, donc, un arrêt de la synthèse de FSH et de LH en une quinzaine de jours (après un effet flare-up, qui correspond à une hyperactivité hypophysaire et gonadique). Son mécanisme d’action est différent d’une castration chirurgicale, car lors d’une gonadectomie, il n’y a plus de rétrocontrôle négatif sur l’hypothalamus et l’hypophyse, ce qui induit une hypersécrétion de LH et de FSH.
L’implant de desloréline possède une Autorisation de mise sur le marché (AMM). Elle a été délivrée pour plusieurs indications :
– Pour les chiens mâles non castrés, à maturité sexuelle et en bonne santé, dans le but d’induire une infertilité temporaire, obtenue 6 semaines (implant de 4,7 mg) ou 8 semaines (implant de 9,4 mg) après l’implantation. Le retour à la fertilité a été prouvé (au bout de 6 mois minimum pour l’implant de 4,7 mg et de 12 mois minimum pour l’implant de 9,4 mg). Il est recommandé de poser un implant de 4,7 mg pour une première implantation. Il doit être posé par voie sous-cutanée au niveau du dos, entre la partie inférieure du cou et la région lombaire (RCP).
– Depuis 2022, l’implant à 4,7 mg est indiqué chez les jeunes chiennes prépubères non stérilisées et en bonne santé, pour l’induction d’une infertilité temporaire pour retarder l’apparition des premières chaleurs. L’implant doit être posé entre 12 et 16 semaines d’âge. Il permet de décaler la puberté d’au moins 12 mois chez plus de 50 % des chiennes. Attention, certaines chiennes pourront déclencher un cycle à la pose, même à 4 mois. La future fertilité n’est pas connue, il est donc déconseillé de poser un implant chez une future reproductrice.
– Depuis 2022, l’implant à 4,7 mg est également indiqué chez les chats mâles non castrés âgés de plus de 3 mois, pour induire une infertilité temporaire. Il n’a pas été prouvé que la fertilité revienne à la fin de la durée de l’implant ni suite à son retrait. Il est donc conseillé d’implanter uniquement des chats s’étant reproduit récemment. L'implant agit 6 semaines environ après sa pose selon l'AMM et entre 3 à 11 semaines selon d'autres études. L’effet flare-up dure jusqu’à 2 semaines. Le détenteur doit donc être prévenu d’une potentielle augmentation des comportements liés aux hormones sexuelles. Aussi vaut-il mieux lui recommander de séparer le mâle des femelles durant cette période. Sa durée d’action minimale est de 12 mois (15-25 mois selon la littérature).
Chez un chat reproducteur, il est possible, hors AMM, de retirer l’implant après 3, 6 ou 9 mois. En général, la fertilité est retrouvée 3 semaines après le retrait. Il est conseillé de poser l’implant en arrière de l’ombilic, dans une zone glabre, pour faciliter son retrait. Plus l'extraction est pratiquée tard, plus elle est compliquée. Il convient donc de vérifier que l’implant est entièrement retiré.
– De nombreuses publications ont étudié la pose d’un implant pour induire les chaleurs chez les chiennes pubères. Il s’agit d’une utilisation hors AMM, qui nécessite la signature d’un consentement éclairé du détenteur. Ce dernier pourrait en faire la demande pour des raisons mercantiles ou non éthiques, ce qui ne doit pas être accepté. Il est recommandé de poser un implant dans le but d’induire les chaleurs chez une chienne uniquement dans le cadre d’un cycle long (supérieur à 6 mois) et/ou pour organiser la mise à la reproduction en fonction du calendrier (si cela ne va pas à l’encontre des bonnes pratiques).
Il faut s’assurer, avant de mettre un implant, que la chienne est en bonne santé, avec un fonctionnement normal de l’appareil génital (échographie génitale, frottis vaginal, bilan hormonal). L’implant ne doit pas être injecté sur une chienne présentant des troubles de la fertilité. Il est recommandé de poser un implant de 4,7 mg, en région ombilicale.
Il est impératif de suivre les chaleurs et la gestation, avec un dosage de la progestéronémie 7 jours après l’implantation, même sans signe de chaleurs (elles peuvent être silencieuses), puis tous les 2 à 3 jours. Une fois l’ovulation détectée, il faut retirer l’implant dans les jours suivants. Si la chienne n’a pas ovulé, il est conseillé de retirer l’implant au bout de 3 semaines au plus tard.
Pratiquement 100 % des chiennes entrent en chaleur, avec un taux d’ovulation atteint en moyenne 12 jours après la pose de l’implant. Le taux global de gestation est de 60 %. Le taux d’échec dépend du stade au moment de l’implantation. Il est plus élevé en début d’anœstrus (38,5 %) qu'en fin d’anœstrus (13,5 %).
La gestation doit être bien suivie du fait du risque d’insuffisance lutéale. Il faut également prévenir le détenteur du risque de pyomètre (l’implant n’est pas la cause en soi, mais s’il a bien fonctionné, il induit une ovulation et donc une imprégnation en progestérone).
Si la chienne n’ovule pas, elle risque de développer des kystes ovariens mais ceux-ci régressent une fois l'implant retiré.
– Chez les chattes, la pose d’un implant de 4,7 mg peut être envisagée, hors AMM, pour une stérilisation dans le cas où l'anesthésie est contre-indiquée. Ce dispositif n’est pas conseillé pour des chattes destinées à la reproduction. Il est recommandé de le poser à la fin des chaleurs. La durée d’action est de 1 à 3 ans. En général, il n'est pas retiré. Il peut être renouvelé (toujours le 4,7 mg) lorsque le précédent a fini d'agir (effet flare-up de nouveau possible). Quand on retire l’implant (3, 6 ou 9 mois après implantation), la fertilité est retrouvée entre 3 à 7 semaines, voire plus en fonction de la photopériode.
– Il n’y a que très peu de données sur les chattes et les chiens mâles impubères. Il ne faut pas poser d’implant sur les animaux crytorchides ni sur ceux destinés à la reproduction, car la future fertilité est incertaine.
On dispose à l'heure actuelle de peu de recul sur l’utilisation à long terme de l’implant de desloréline.
L'implant de mélatonine
La mélatonine possède une action inhibitrice sur la sécrétion de GnRH chez les chattes. Sa concentration augmente pendant l’absence de lumière. La mélatonine en comprimé n’a aucune efficacité chez les chattes. Des études ont observé une inhibition du cycle d’environ 90 jours chez des chattes pubères ayant un implant de mélatonine de 18 mg (hors AMM). Il est recommandé de poser l’implant à la fin des chaleurs. Certaines chattes peuvent entrer en chaleur moins de 10 jours après la pose. Des saillies ultérieures avec gestation ont pu être menées sans anomalie. Il semblerait ne pas avoir d’effet secondaire sur les chattes.