Les kitten class : un outil pédagogique au service de la prévention - La Semaine Vétérinaire n° 2027 du 29/03/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2027 du 29/03/2024

Médecine féline

FORMATION CANINE

Auteur(s) : Mylène Panizo

CONFÉRENCIER 

CYRIL BERG (N 98), praticien exclusif en médecine féline et président du Groupe de réflexion et d’intérêt félin (Grif).

Article rédigé d’après la webconférence « La kitten class en pratique », organisée par le laboratoire Boehringer Ingelheim, le 23 novembre 2023.

Les chats sont dorénavant considérés comme des membres de la famille à part entière. Paradoxalement, de nombreux détenteurs méconnaissent leurs besoins. À l’ère des réseaux sociaux et des fausses informations, les kitten class (ateliers pédagogiques sur les chatons) offrent un moment de partage de connaissances et d’apprentissage dans une ambiance conviviale. Très appréciées des participants, elles valorisent l’ensemble de l’équipe vétérinaire et permettent de prévenir certains troubles du comportement chez l'animal.

Les kitten class ne remplacent pas les consultations pédiatriques

Les consultations pédiatriques relèvent de la médecine préventive. Des actes médicaux sont pratiqués : examen clinique complet, vérification du niveau de sociabilisation et de la présence d’autocontrôles, vaccination, traitements antiparasitaires, etc. C’est aussi l’occasion d’aborder divers sujets : comportement, éducation, aménagement du territoire, nutrition, etc. Il est conseillé de réaliser entre 3 et 4 consultations pédiatriques (à l’âge de 2, 3 et 4 mois) et une consultation pubertaire (en plus de la stérilisation). Il est recommandé de structurer les consultations et de les uniformiser, afin d’harmoniser le parcours pédiatrique avec l’ensemble de l’équipe vétérinaire.

À quoi servent-elles ?

Les kitten class permettent, elles, d’informer les détenteurs sur les besoins de leur chaton, d’apprendre à le manipuler et de prévenir des problèmes comportementaux (agressivité, malpropreté urinaire, troubles de la cohabitation inter et intraspécifique, destructions). Elles ont pour but d’améliorer le bien-être de l’animal et d'aider à organiser le quotidien du foyer pour vivre en harmonie avec son chat. La kitten class permet de répondre à des questions de base et de donner des notions générales. Il ne s’agit pas de consultation de comportement. En cas de suspicion de trouble comportemental, il faudra inciter à prendre un rendez-vous en consultation.

Comment s’organisent-elles ?

Les kitten class s’adressent aux détenteurs de chatons âgés de 6 à 14 semaines. Les chats plus âgés peuvent en effet entrer en conflit et se bagarrer. 4 à 8 chatons au maximum sont recommandés par session. Les séances peuvent être animées par un vétérinaire, un auxiliaire spécialisé vétérinaire (ASV) ou les deux. Les kitten class valorisent et diversifient le travail des ASV. Elles peuvent avoir lieu en soirée ou le week-end sur un créneau spécifique. Une ambiance conviviale est fondamentale pour la réussite de la kitten class. Le but est de rencontrer les détenteurs dans un cadre différent, moins formel. Plus détendus, ils sont plus réceptifs aux conseils. Offrir une collation va dans ce sens.

Les chatons doivent être en bonne santé, et avoir eu a minima leur première injection de vaccination typhus-coryza-leucose, ainsi qu’un traitement antiparasitaire externe et interne. Aussi est-il préférable que le chaton ait été examiné dans les 15 jours précédant la séance, afin de s’assurer de son état de santé. 

La durée conseillée est d’environ 45 minutes. 2 sessions sont recommandées, espacées de 2 à 3 semaines, ce qui permet aux propriétaires d’avoir mis en pratique les conseils donnés et de pouvoir signaler leurs difficultés.

Le prix est fixé en fonction du temps consacré et des propriétaires (clients ou non de la structure). Cyril Berg propose de les facturer entre 10 à 20 euros la séance par chaton et d'offrir ce service aux clients ayant adhéré à un plan de prévention.

Quels sujets abordent-elles ?

Les kitten class étant des lieux d'échanges entre propriétaires, l'équipe vétérinaire doit prendre le temps d'écouter ce partage d'expériences pour transmettre les bonnes pratiques. Cependant, les sessions doivent tout de même suivre un déroulement structuré et différentes thématiques abordées. En voici quelques-unes :

– Partager ses connaissances sur les phases de développement du chaton.

– Savoir interpréter le langage félin. Il peut être intéressant de fournir des supports concernant les expressions corporelles et faciales du chat. La plupart des troubles comportementaux proviennent d’une mauvaise interprétation humaine. Il faut bien expliquer que le chat n’est pas un chiot et que leurs comportements diffèrent totalement. Par exemple, un chat qui remue la queue n’est pas forcément content.

– Aménager le territoire. Le chat doit disposer a minima de 3 zones distinctes : 1 zone centrale, aire de refuge et de repos, 1 endroit réservé à la nourriture et 1 zone d’élimination. Il est conseillé de placer les gamelles d’eau à 1 mètre au minimum de la nourriture (il a été démontré que cela favorise la prise de boisson). L’enrichissement de l’environnement est fondamental, en particulier en appartement. Il faut augmenter l’espace disponible en aménageant des postes d'observation en hauteur. Le bac à litière doit être ouvert, grand et propre. Il peut être placé dans l’angle d’une pièce.

– Importance des jeux. Beaucoup de chats s’ennuient s’ils ne sortent pas. Il est important de conseiller de ne pas jouer avec ses mains ou ses pieds afin de prévenir les attaques par prédation. Mieux vaut donc préférer les jeux à distance (cannes à pêche, balles, etc.). Le chat étant un animal crépusculaire, il convient de privilégier des séances de jeux le soir et/ou tôt le matin.

– Manipuler son chaton. Il faut montrer comment entrer en contact avec son chat (calme, douceur). Il est déconseillé de prendre un chaton par la peau du cou (source importante de stress). La kitten class est un moment privilégié pour apprendre à effectuer les soins d’hygiène de base (brossage, soins des yeux, etc.) et à habituer le chaton à se laisser manipuler (ouverture de la cavité buccale, manipulation des pattes, etc.). Il est fondamental de donner des conseils sur le transport. En effet, la difficulté et le stress du propriétaire et de l’animal associés à la mise en cage sont l’une des raisons majeures de défaut de médicalisation.

Il faut faire participer les détenteurs et leur donner des exercices concrets à effectuer à la maison. La deuxième session de la kitten class permet notamment de faire le point sur leur réussite ou sur les difficultés rencontrées lors de la mise en pratique.

– Introduction avec un autre chat. Il est important d’expliquer que la mise en contact avec un autre animal demande du temps et de la patience. Il convient de procéder par étapes avec d’abord une communication auditive, en séparant les animaux physiquement. Dans un second temps, passer à un contact olfactif (échange de couverture ou de panier par exemple). Une approche visuelle est ensuite possible. Dans l’idéal, les animaux se voient sans se toucher (à travers une vitre par exemple), puis la rencontre physique peut être tentée. Il faut associer à chaque phase des éléments positifs (pâtée, jouet). Si un stress est constaté lors d’une étape, il faut revenir à la précédente.

D’autres thématiques peuvent, bien sûr, être abordées (nutrition, sortie en harnais, clicker training, etc.).

À la fin de la kitten clss, un certificat de suivi peut être délivré. Il n’a aucune valeur officielle, mais il est très apprécié des clients.