Tester la résistance de Varroa aux acaricides - La Semaine Vétérinaire n° 2029 du 12/04/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2029 du 12/04/2024

Apiculture

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Sébastien Hoffmann (A 05), DIE en apiculture et pathologie apicole

La lutte contre Varroa destructor dans les ruchers d’abeilles se heurte au développement de résistances médicamenteuses. Dans ce contexte, les tests de résistance sont un levier nécessaire pour accompagner les prescriptions. Deux types de tests sont déjà disponibles sur le marché. D’autres font l’objet de recherche.

Le test de Pettis 

Ce test a été développé en 1998 par le Dr J Pettis, chercheur à l’université du Maryland, et permet de tester au rucher l’efficacité des médicaments acaricides. Il consiste à prélever des abeilles infestées et à les mettre en contact pendant une durée de six heures avec un échantillon du médicament sous sa forme commerciale. Au terme de ce temps de contact, les Varroa morts sont comptés et les abeilles sont lavées à l’alcool pour déterminer le nombre de Varroa résiduels permettant de calculer le pourcentage d’efficacité de cette exposition qui doit être supérieure à 50 %. Ce test simple, rapide, peu coûteux et au chevet du malade permet surtout d’explorer l’efficacité d’un médicament envisagé. Il peut donner une indication empirique de la présence de Varroa résistants sans toutefois en définir son niveau exact. Il est soumis cependant à un respect strict de la méthode pouvant être consultée sur ce site : https://www2.gov.bc.ca/assets/gov/farming-natural-resources-and-industry/agriculture-and-seafood/animal-and-crops/animal-production/bee-assets/api_fs223.pdf

Le test phénotypique

Ce test de laboratoire permet d’évaluer le taux de mortalité des Varroa en les mettant en contact avec différentes concentrations d’acaricide connues dans des boîtes de Petri. On détermine alors la concentration létale nécessaire pour tuer 50 % (CL50) ou 90% (CL90) des acariens qui variera en fonction de la sensibilité des acariens à l’acaricide testé. Ces concentrations, comparées à celles d’une population de référence, permettent de calculer un ratio de résistance. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle demande un grand nombre d’acariens pour établir une courbe dose réponse (minimum 300). Pour réduire le nombre de Varroa nécessaires, on peut tester la sensibilité des Varroa au contact d’une concentration discriminante. Le laboratoire Apinov propose cette méthode pour évaluer les résistances au tau-fluvalinate et à l’amitraze, en utilisant comme concentration discriminante les CL90 de populations de Varroa sensibles issus de ruchers sédentaires non traités depuis plus de cinq ans pour les deux molécules. Le test nécessite du couvain parasité contenant environ 150 Varroa vivants (5 Varroa phorétiques pour 100 abeilles). Les résultats sont disponibles une semaine après la réception des échantillons.

Les tests génotypiques

Ces tests explorent la présence potentielle d’une mutation préalablement identifiée conférant à l’acarien une résistance à un varrocide donné. Une telle méthode moléculaire d’identification de la résistance génétique de Varroa au tau-fluvalinate a déjà été mise au point par une équipe de recherche espagnole. Des travaux sont toujours en cours pour identifier les mutations responsables de la résistance de Varroa à l’amitraze. L’énorme avantage réside dans le fait qu’elle est réalisable sur Varroa morts. Il reste à établir sa faisabilité sur un mélange de Varroa d’une même colonie (voire d’un même rucher) qui permettrait de réduire les coûts d’analyses.

Les tests enzymatiques

Ces tests sont intéressants dans l’exploration des résistances d’origine métabolique. Ils s’effectuent sur des Varroa conservés à basse température, et permettent de quantifier individuellement ou sur mélanges d’acariens, les enzymes impliquées dans la détoxification des molécules. Plutôt utilisés à des fins de recherches, ils ont un intérêt limité en pratique.