Comment préparez-vous votre retraite ? - La Semaine Vétérinaire n° 2030 du 19/04/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2030 du 19/04/2024

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Chantal Béraud

Les praticiens (surtout solos) qui habitent des zones économiques peu dynamiques vendent souvent soit à un vétérinaire travaillant déjà avec eux… ou ne vendent pas ! Une plus-value immobilière et certaines transformations managériales semblent pouvoir aider à mieux s’en sortir. 

Éric Mathieu (A88), Praticien solo canin et expert assurances à Mirande (Gers)

À 65 ans, si je parviens aujourd’hui à vendre mon activité, j’aimerais continuer à faire des remplacements chez des confrères jusqu’à 67 ans – voire 68 ans en cas de cession pour faire une nécessaire transition – ceci afin d’avoir tous mes trimestres pour bénéficier d’une retraite sans décote. Sur les conseils de mon comptable, j’ai déjà transformé mon activé libérale en nom propre en une SELARL1 afin de céder les parts de préférence en intégralité et en une seule fois aux repreneurs. Sous ce statut, ils reprennent l’actif et le passif. A contrario, en nom propre, on doit céder séparément le droit de présentation de la clientèle, le matériel, le stock de médicaments, l’immobilier, et financer le changement de titulaire de tous les contrats en cours. Cependant, si je ne parviens pas à vendre, ce sera la retraite… de Russie ! Qu’ont donc réussi à faire mes confrères du Gers ou de l’Ariège, souvent solos, partis dernièrement ? Ont-ils pu céder à l’aide vétérinaire, sont-ils simplement partis sans aucune transmission ? Je m’interroge…

Koen Goovaerts (Gand 83), Praticien mixte solo à Saint-Pons-de-Thomières (Hérault)

J’exerce depuis trente-six ans en praticien solo avec deux assistantes vétérinaires, et j’ai aimé cette vie ! Mais je vais bientôt avoir 65 ans. C’est pourquoi je cherche à vendre, idéalement à deux vétérinaires, car j’assure des gardes le week-end durant la période de la chasse aux sangliers. Sinon, mon plan B est de rechercher un(e) aide vétérinaire ponctuellement, qui pourrait par exemple me remplacer une semaine par mois. Sans cela, j’envisage même de fermer fin 2026, quand mes crédits immobiliers seront soldés. J’espère en effet réaliser une plus-value immobilière en allant habiter dans plus petit. Pour l’heure cependant, ayant passé diverses annonces notamment auprès d’écoles vétérinaires (y compris en Belgique, aux Pays-Bas et en Hongrie), j’espère toujours obtenir des réponses. En effet, il y aura peut-être des praticiens indépendants intéressés aux Pays-Bas. Car énormément de cliniques y ont déjà été rachetées par de grands groupes, et le gouvernement fait planer la menace d’y baisser de 30 % le cheptel des animaux de rente !

Jean-François Marty (A81), Ancien associé en mixte à Melle (4 cabinets, 12 praticiens, 15 ASV), dans les Deux-Sèvres

Au départ d’un des quatre associés, nous avons créé en 2019 une SELARL1 avec une nouvelle associée. Un an après, chacun a conservé une part de la SELARL et a revendu les 249 autres parts à sa propre SPFPL2. Créer une SELARL nous permettait de transformer notre société première en une véritable entreprise ayant une comptabilité standard et une visibilité financière propre à rassurer de futurs repreneurs. Quant aux SPFPL, elles permettent aux associés de la SELARL de pouvoir toucher, selon leur choix, des rémunérations directes (soumises à charges sociales et impôt) et/ou des dividendes (qui sont donc versés à leurs SPFPL). Enfin, dans le cas de nouveaux repreneurs, ils n’ont qu’à acheter une seule part en nom propre, car c’est la SPFPL qu’ils créent qui s’endette pour racheter les 249 autres parts, dette qui peut par la suite être remboursée sans charges ni impôt grâce aux dividendes perçus… En tant que retraité, je suis maintenant obligé de transformer ma SPFPL et je la fais absorber par une SCI familiale, avec une incidence fiscale minime. 

  • 1. Une SELARL est une Société d’Exercice Libéral À Responsabilité Limitée.
  • 2. Une SPFPL est une Société de Participation Financière des Professions Libérales.