Hackavet : un engouement renouvelé pour la seconde édition - La Semaine Vétérinaire n° 2030 du 19/04/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2030 du 19/04/2024

Rencontre étudiants-professionnels

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Par Amandine Violé

La nouvelle édition du Hackavet qui s’est tenue à l’école vétérinaire d’Alfort du 5 au 7 avril dernier a été un franc succès. Une centaine d’étudiants et ASV de 17 écoles européennes accompagnés de mentors se sont réunis pour réfléchir et mettre en forme leurs idées les plus innovantes.

Ils s’étaient donné rendez-vous dans un an, même lieu, même fougue… Maxime Lachérade (en 5e année à l’ENVA, et étudiant à l’Edhec Business School) et Louis Petton (6e année à l’ENVA), étudiants et coprésidents de l’association, tout comme leurs acolytes cofondateurs, Marianne Kordes (6e année à l’ENVA), directrice marketing, Christèle Delattre (6e année à l’ENVA), cheffe de projet, Jules Petton (matelot à la Marine Nationale), trésorier et Pauline Lachérade (senior consultant aux affaires européennes, à la sécurité intérieure et à la défense chez Sopra Steria Benelux), business developer, rejoints par Nathan Pittini (3e année à l’ENVA), développeur commercial et Tiaréva Micholet-Scandolo (3e année à l’ENVA), secrétaire générale. Tous se sont retrouvés du 5 au 7 avril dernier pour cette seconde édition du Hackavet, évènement phare du monde vétérinaire de demain.

Pensé par Maxime Lachérade et Louis Petton en vue de répondre aux enjeux actuels et à venir de la profession, Hackavet constitue le premier hackathon vétérinaire jamais organisé. Conçu sur le modèle des compétitions d’innovation popularisées par les start-up américaines des années 90, Hackavet a pour objectif de réunir étudiants vétérinaires et ASV d’horizons variés autour de grandes thématiques d’intérêt. À l’issue d’un week-end de réflexion collaborative, ces derniers sont invités à présenter devant un jury de professionnels, le prototype de leur projet, en y incluant des solutions concrètes aux problématiques soulevées.

Une nouvelle édition augmentée

Après l’engouement suscité par sa première édition, les organisateurs n’étaient pour ainsi dire plus les seuls à rêver de voir leur projet prendre à nouveau forme. Manon, étudiante en 4e année à Bucarest (Roumanie), n’aurait manqué ce rendez-vous pour rien au monde : « J’avais tellement adoré, qu’entre-temps, j’ai motivé quatre autres personnes de mon université à y participer. » Un enthousiasme contagieux qu’elle n’est pas la seule à partager, comme en témoigne le nombre d’anciens participants à avoir répondu présent.

Une recette qui a fait ses preuves à en croire les retours élogieux récoltés l’an passé. Et pour la rendre aussi savoureuse, place aux mêmes ingrédients, agrémentés de quelques nouveautés. « Globalement, l’évènement a été conçu selon le même déroulé », raconte Marianne Kordes, « les participants et les mentors ont été recrutés et les équipes constituées de la même manière, nos partenaires des premières heures sont là, d’autres se sont ajoutés. Nous avons surtout fait des améliorations au niveau de la plateforme de travail Miro sur laquelle les équipes font évoluer leur projet et réalisent les challenges imaginés. On voulait que cet outil soit encore plus fonctionnel pour mieux les accompagner. Petit plus, on a également créé notre application téléphonique interactive sur laquelle tout le monde peut interagir »

Hackavet 2.0, tout en crescendo

Au rendez-vous, 105 étudiants vétérinaires et ASV de 17 écoles européennes, publiques et privées étaient accompagnés par 34 mentors et un jury de 11 personnalités. Au menu des festivités, trois domaines dans lesquels tous ont pu laisser libre cours à leur inventivité : l’environnement, les outils techniques et technologiques ainsi que le bien-être humain et animalier. À l’issue de la cérémonie d’ouverture, connaisseurs et jeunes premiers se sont ainsi lancés pour 48 h de grande émulation intellectuelle.

Dire qu’une douce effervescence s’est emparée de toutes les équipes serait un euphémisme. « C’est une folle expérience, nos cerveaux ont bouillonné de 6h30 à 2 h du matin, je n’ai jamais été dans un tel état de concentration », témoigne Juliette (2année à l’ENVA). Il faut dire que face à l’ampleur du défi à relever, ce hackathon s’est vite transformé en une course contre la montre endiablée : « On s’est vraiment demandé si en 48 h, il était possible d’apporter une réponse à notre problématique. Mais on était tellement investis, qu’entre nos recherches et l’expertise des mentors qui ont su nous dynamiser, on a réussi notre pari », s’enthousiasme Zachary (6e année à l’ENVA).

Peu de repos également du côté des mentors, dont certains nouveaux venus ne s’attendaient pas à « une telle intensité » ni à une « organisation si professionnelle et de qualité », comme en atteste Céline Pouzot-Nevoret (L 02), responsable du service d’urgences et de soins intensifs pour animaux de compagnie (Siamu) de Vetagro Sup. Petite surprise de l’année, ces derniers se sont également vu proposer de pitcher un mini-projet autour du thème de la synergie transgénérationnelle au sein de la profession. Un bon moyen de montrer l’exemple, tout en favorisant une ébullition intellectuelle commune. Et quand les uns apportaient leur savoir-faire aux équipes en mal de support technique, d’autres s’assuraient de leur bien-être, avec une bonne humeur communicative : « Si certains ont pu avoir des moments de doute, j’étais là pour leur apporter le réconfort nécessaire », explique Midhun Muttu, mentor et ASV au sein de l’hôpital d’Alfort.

Hackavet, et après ?

Parmi les nombreuses idées présentées, trois projets ont su se distinguer. Pawsitiv, une application mobile destinée aux propriétaires pour une meilleure compréhension et un suivi optimisé de leur compagnon, remporte les votes dans la catégorie « bien-être ». Côté « environnement », l’équipe de Valpilia se différencie par son idée de valorisation des poils en matériau d’isolation thermique. PulsaVet rafle enfin la mise dans la catégorie « outils » avec son dispositif de mesure de pression artérielle à domicile pour l’espèce féline.

Ces prix sont-ils toutefois ce qui restera du Hackavet une fois la parenthèse refermée ? Pas si sûr. « J’ai fait de super rencontres. Dans notre équipe, ça a matché direct, chacun a apporté ses compétences en fonction de son expérience et de son année d’étude », raconte Paula (5e année à l’ENVT). Hackavet, catalyseur social du monde vétérinaire de demain ? « L’édition précédente m’a permis de garder le contact avec certains mentors. Il est rare que l’on puisse leur parler ainsi, sans filtre ni distance. Un an après, l’un d’entre eux est venu jusqu’à Bucarest pour faire une conférence pour les GTV* junior », se félicite Manon. Un rapprochement dont se réjouissent également les mentors, fiers de cette génération en mouvement emplie de « volonté, de courage et d’adaptabilité », selon les mots de Marc Leclerc (Liège 09), praticien au Cannet (région PACA).

Quant à l’impact du Hackavet hors de ce cadre inédit, Juliette confesse : « C’est la première fois que je trouve un sens à mes études. Le domaine de l’environnement me tient vraiment à cœur mais je ne savais pas comment faire coïncider mon métier avec mes valeurs. Ces deux journées m’ont énormément apporté ». Et Zachary (6e année à l’ENVA) de renchérir, sourire aux lèvres : « Moi, je ne sais rien faire sans Hackavet. Il y a peu de temps, j’ai eu une idée que je voulais développer. J’ai repris les challenges du hackathon et cela m’a aidé à la concrétiser. »

« Intense », « magnifique », « enrichissante » ; alors que la seconde édition se clôt, l’idée d’un troisième opus semble déjà dans tous les esprits. À l’exception peut-être de certains des organisateurs dont les obligations professionnelles risquent de les porter vers d’autres horizons. Toutefois Marianne le sait, ce projet dont elle se dit si fière, perdurera, quoiqu’il advienne. Malgré la fatigue, Maxime se dit pour sa part déjà « plein d’énergie pour se remettre dans la troisième édition », évoquant aussi à demi-mot le fruit de sa nouvelle collaboration avec Louis Petton, dont le lancement devrait arriver sous peu… Un an après sa création, Hackavet se paye ainsi le luxe d’essaimer, pour le plus grand plaisir de ceux qui l’ont pensé et approuvé.

  • *Groupement technique vétérinaire