EDITO
Auteur(s) : Marine Neveux
« La veille, j’aurais pu sauver un veau et mettre la vache debout » se remémore comme une douloureuse expérience un confrère, appelé seulement au petit matin par l’éleveur qui a tenté de gérer par lui-même le cas durant la nuit. De cette expérience naît l’élaboration par ce praticien d’un modèle de forfaitisation avec l’éleveur pour qu’il n’hésite plus à l’appeler dès les premiers signes ou première inquiétudes sur un animal. Le salut des vétérinaires ruraux sera-t-il dans le forfait ? Plus largement, comment réinventer la relation éleveur – vétérinaire en redonnant aussi du sens et de l’élan à la médecine rurale ? Le forfait de rémunération est une des solutions discutée lors de la journée de réflexion sur le maillage vétérinaire orchestrée le 17 avril dernier par l’Ordre des vétérinaires en collaboration avec les Chambres d'agriculture*.
Cette idée, déjà mise en pratique depuis plusieurs années, trace son chemin. Alors que le nombre d’éleveurs se réduit à peau de chagrin, « il faut assurer la reconnaissance du monde de l’élevage dans nos territoires, assurer un revenu qui ne doit pas passer exclusivement par les largesses de la PAC, mais par la valeur du produit, et continuer d’avoir cette excellence de soins, de partenaires sanitaires que sont les vétérinaires. Il faut aussi que l’on soit capables d’innover dans cette relation » appelle de ses vœux Pascal Ferey, président de la Chambre d’Agriculture de la Manche.
Des seuils d’alerte qui ne cessent de bouger, c’est aussi le constat dressé par Mathieu Mourou, conseiller national de l’Ordre chargé du maillage vétérinaire. Ce dernier est pourtant un enjeu majeur pour la souveraineté alimentaire, la santé publique, et la sécurité sanitaire des aliments. « Face aux causes si vastes, il n’y a pas une solution mais des solutions ».
La forfaitisation pourrait être une réponse reposant sur trois piliers : un engagement bilatéral, un règlement échelonné des prestations sur l’année, un service partiellement déterminé à l’avance. De l’avis des vétérinaires et des éleveurs, c’est un gain en sérénité et en confiance, catalysant une approche préventive. Il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant, soulignant l’importance de considérer le vétérinaire non pas comme une dépense, mais comme un investissement crucial pour l’avenir de l’élevage.