EDITO
Auteur(s) : Tanit Halfon
1918, 1957, 1968, 2009… Ces quatre années ont en commun d’avoir été le théâtre d’une émergence virale d’un virus influenza A d’origine animale adapté à l’humain, ayant abouti à une pandémie1. Ce risque est de nouveau sur le devant de la scène (Ce risque se présente de nouveau). Le 18 avril, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait part de sa préoccupation2 vis-à-vis du virus aviaire H5N1 HP.
Il faut dire que le contexte a de quoi inquiéter3 : on assiste à une circulation virale intense et mondiale dans les compartiments sauvage et domestique du H5N1 du clade 2.3.4.4b. À cela s’ajoutent de multiples et croissants franchissements de la barrière d’espèce, vers des mammifères, dont certains ont créé la surprise comme ces vaches laitières atteintes par le virus aux États-Unis alors que cet animal n’était pas considéré comme sensible. Si des détections chez l’humain sont faites, elles sont sporadiques et limitées depuis 2016, avec une clinique majoritairement sans gravité. Malgré tout, tant que le virus circule fortement, rien n’exclut un jour, l’émergence d’une souche propice à une pandémie. Sachant qu’elle pourrait aussi venir de là où l’on s’y attend le moins : d’autres clades et souches aviaires HP circulent dans le monde, avec des signes plus marqués de capacités zoonotiques et de virulence.
La profession vétérinaire, de par le monde, est partie prenante de la prévention du risque pandémique. Côté terrain, les vétérinaires aident à réduire le risque de circulation du virus dans les élevages en s'assurant de la biosécurité mais aussi, pour la France, du bon déroulé de la campagne vaccinale en cours. Par leur surveillance globale d’éventuels signes d’alerte chez les animaux de rente mais aussi domestiques (voire de leurs détenteurs !). Et plus largement par la communication sur le sujet auprès de leurs clients. Ces actions sont essentielles pour répondre aux incertitudes face au risque pandémique.