Urgences
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Marine Neveux D’après la conférence de Valérie Picandet, praticienne au CHV de Livet (Calvados) dipl. American College of Veterinary Internal Medicine (Acvim) et European College of Equine Internal Medicine (ECEIM), présentée lors des journées européennes de l’Association vétérinaire équine française à Roissy (Val-d'Oise), le 28 mars 2024.
En premier lieu, notre consœur invite à évaluer les circonstances du décubitus. On pense souvent à la chute accidentelle, alors que ce n’est pas la plus fréquente. Un cheval qui n’arrive pas à se relever peut aussi souffrir d’une maladie primaire, et/ou être débilité. En outre, le décubitus peut aussi faire suite à une procédure (lors de chirurgie, complication d’un myéloscanner, etc.)
Diagnostic
Il est ainsi nécessaire de se poser la question : pourquoi le cheval n’arrive pas à se relever ? Il faut donc regarder dans les quatre systèmes : squelette, muscles, système nerveux, énergie.
Le cheval peut être coincé, il peut y avoir un traumatisme ostéoarticulaire, neurologique. S’il est tombé depuis plusieurs heures, cela peut se compliquer par une fatigue, un épuisement et une myopathie.
L’incapacité à se relever peut être liée à une maladie primaire : douleur chronique, arthrose, fourbure, faiblesse chronique, vieillesse, amyotrophie, amaigrissement (cyathostomose larvaire, maladie inflammatoire intestinale, malnutrition, insuffisance cardiaque).
Les maladies neuromusculaires sont aussi variées : myopathie atypique, myélopathie compressive cervicale, encéphalomyélite ou toute autre maladie neurologique qui va toucher la moelle ou l’encéphale, la maladie du neurone moteur, botulisme, tétanos (plus rare), méningite (plus rare).
Plan d’action
La prise en charge du cheval couché ne rime pas avec précipitation : dans tous les cas, cela va prendre du temps insiste notre consœur. Il faut essayer de calmer l’entourage et surtout de le mettre en sécurité. On ne garde autour du cheval que les personnes qui peuvent être utiles. Ensuite, on met le cheval en sécurité : lever les blocages, le déplacer dans un endroit sûr, lui protéger la tête et les membres, obtenir une voie veineuse, poser et sécuriser un cathéter. Il est possible de tranquilliser si c’est pertinent.
Anamnèse et approche clinique
L’anamnèse et les antécédents sont à rechercher. L’examen clinique est aussi essentiel : il doit être approfondi, donc cardiovasculaire, avec palpation, flexion des membres, etc. L’examen neurologique mérite d’être précis. Enfin, il convient d’évaluer l'état corporel et la masse musculaire.
Les seuls examens complémentaires potentiellement urgents sont le dosage sanguin des enzymes musculaires, ainsi que des radiographies pour évaluer une potentielle fracture. En outre, il faut toujours se poser la question : cela vaut-il le coup de relever le cheval pour lui-même ?
Gestion médicale
Le traitement médical possède deux axes d’action suivants.
– Gérer une douleur, une inflammation, une immobilisation d’un membre (par des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou une approche multimodale).
– Gérer la fatigue et le manque d’énergie, notamment réhydrater. On peut sédater le cheval le temps de la perfusion pour qu’il garde son énergie.
S’il y a un trauma crânien avec risque d’œdème cérébral, il est possible d’utiliser le diazépam, voire le mannitol. Des controverses persistent sur l’usage des corticoïdes et du diméthylsulfoxyde (DMSO). Les antibiotiques peuvent être requis lors de plaies pénétrantes, d’escarres profondes, etc.
Relever l'animal
Lors de la tentative de relever du cheval, il faut se mettre dans les meilleures conditions, car plus on va essayer, plus le cheval va se fatiguer. Il convient de stabiliser le sol, ne pas hésiter à sédater le cheval si c’est nécessaire. On peut essayer le relevage manuel si l’animal n’est pas trop lourd. Plusieurs harnais, et systèmes de relevage mécanique existent aussi.