Endoscopie
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Tanit Halfon
Les systèmes de sacs anti-colique pour biberon, tout comme les aimants, peuvent faciliter le retrait manuel sous endoscopie de certains corps étrangers ingérés par des chiens. Démonstrations.
Face à un corps étranger gastrique chez un chien, il peut être possible d’envisager son retrait par voie endoscopique. Dans cette optique, le vétérinaire pourra laisser parler son imagination ! La démonstration a été faite dans deux études récentes1,2, qui illustrent bien tout l’art vétérinaire. La première1 s’est déroulée en France, au centre hospitalier vétérinaire de Frégis, à Paris. Le principe : utiliser le système de bottle liner, un petit sachet en plastique utilisé dans les biberons pour nourrissons pour réduire l’ingestion d’air pendant la tétée. Des fils de traction (fils de suture) sont fixés à trois extrémités du sachet, avec une longueur suffisante de telle sorte que les extrémités des fils dépassent de la cavité buccale de l’animal. Le sac est inséré en le plaçant au bout de l’endoscope (ne pas oublier le lubrifiant) puis en le poussant jusque dans l’estomac. Une fois positionné, le corps étranger est poussé jusqu’au fond via une pince pélican, en s’aidant des images du gastroscope. La dernière étape est de tirer sur les fils de traction pour passer le cardia, puis l’œsophage.
Peu de complications
Cette technique a été toujours couronnée de succès sur une série de douze cas, uniquement des chiens, de taille variable (les plus petits pesant aux alentours de 3 kg). Seul un décès a été à déplorer, la nuit suivant la procédure mais en lien possible avec une thrombo-embolie liée à une intoxication aux métaux lourds du corps étranger (connecteur de tuyau). Le chien présentait en plus à son arrivée une anémie hémolytique. Pour certains individus, cette technique a été privilégiée en première intention du fait de la surface du corps étranger qui rendait difficile sa préhension ou pouvait causer des lésions de la muqueuse. Le temps de procédure s’est avéré variable : de très court (5 min ou moins), à long (plus de 90 min, en lien avec une multitude de morceaux de plastique durci à retirer). Les complications ont globalement été mineures (érosions et saignements de la muqueuse).
Un temps d’intervention réduit
En clair, il s’agit d’une bonne alternative à la gastrotomie pour des corps étrangers difficilement préhensibles à la pince ou au lasso. La procédure peut être rapide et réduit la durée d’hospitalisation. À Frégis, trois opérateurs ont été mobilisés : un pour la gestion de l’anesthésie, un pour s’occuper du gastroscope et un dernier pour l’extraction du sac via les fils de traction.
La seconde démonstration2 a été faite par des vétérinaires américains, sur une série de quatre cas de chiens ayant ingéré des corps étrangers métalliques. Dans ce contexte, c’est un aimant qui a été associé à la sonde endoscopique. En pratique, l’aimant a été maintenu dans un filet (filet Roth Net), au bout de l’endoscope, puis le tout a été inséré jusque dans l’estomac. Les corps étrangers retirés étaient des lames de rasoir, des agrafes, épingles à coudre et des morceaux d'hameçons. Cette technique a présenté l’avantage de pouvoir retirer les objets sans trop de visibilité dans l’estomac. De plus, le retrait a été réalisé généralement en un temps record : la fixation à l’aimant s’est faite en quelques secondes voire immédiatement. Toutefois, pour un cas, cette technique a dû être suivie par un lavage orogastrique par précaution (aucun autre corps étranger n'a été retrouvé). Pour un autre, l’objet s’est détaché de l’aimant au niveau du sphincter gastro-oesophagien nécessitant de le reprendre avec une pince. Dans tous les cas, les complications ont été minimes (érythème des muqueuses).