Antibiotiques
PHARMACIE
Auteur(s) : Par Sarah André
La résistance des bactéries aux antibiotiques est un sujet qui ne cesse de faire parler de lui, si bien qu’une séance hepta-académique1, dont le thème était « L’antibiorésistance, l’affaire de tous ! De la recherche aux pratiques », s’est déroulée le 12 juin 2024 à Paris2, regroupant ainsi un large panel d’acteurs pour débattre sur cette thématique.
Les vétérinaires sont sensibilisés à l’antibiorésistance depuis déjà plusieurs années, notamment avec les plans Écoantibio 1 (2011-2017) et Écoantibio 2 (2017-2021) visant à réduire l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux pour préserver leur efficacité thérapeutique. Malgré de très bons résultats obtenus, en particulier dans les filières de production, des efforts doivent subsister. Les bilans d'Écoantibio 1 et 2 rapportent effectivement une baisse de 72 % de l’exposition des volailles aux antibiotiques, suivie d’une baisse de 67 % chez les porcs et 64 % chez les lapins, alors que les animaux de compagnie (chiens et chats) ne comptent qu’une diminution de 3 %3.
Un des intervenants de cette séance, Jean-Yves Madec (L 94)4, a évoqué une « évolution biphasique » concernant l’exposition des chiens et des chats aux antibiotiques ces dernières années. En effet, les résultats des cinq premières années du plan ont été satisfaisants puisqu’une baisse de 20 % a été constatée chez les animaux de compagnie. Toutefois, les cinq années suivantes ont fait place à une remontée de 17 %. « C’est probablement quelque chose de plus profond sur lequel il faut qu’on réfléchisse collectivement », a indiqué Jean-Yves Madec. À ce titre, le nouveau plan Écoantibio 3 (2023-2028) a pour objectif « une réduction de 15 % de l’exposition des animaux de compagnie aux antibiotiques ».
Des résistances à l’amoxicilline
Lors de son intervention, Jean-Yves Madec a précisé qu'« aujourd’hui on voit une augmentation de la résistance à l’amoxicilline et à l’association amoxicilline/acide clavulanique ». L’objectif initial, en particulier tourné vers les antibiotiques d’importance critique (AIC), est donc susceptible de prendre un autre tournant. C’est effectivement l’augmentation de l’utilisation de l’amoxicilline et de l’acide clavulanique ces dernières années qui a participé, chez les animaux de compagnie, à la remontée de 17 % citée précédemment. « Aujourd’hui, près de la moitié de l’exposition des chiens et des chats aux antibiotiques se fait par la combinaison amoxicilline et acide clavulanique », a indiqué Jean-Yves Madec.
Les infections nosocomiales en clinique canine
Jean-Yves Madec a également porté une attention particulière sur plusieurs cas d’infections nosocomiales en clinique canine, notamment des animaux de compagnie porteurs de Klebsiella pneumoniae suite à un séjour dans un centre de référés5. Une autre étude a été mise en avant lors de cette présentation pour montrer la possible circulation via l’environnement, notamment une dissémination entre chiens en ville6. Le concept One Health prend ainsi tout son sens et plusieurs projets de recherche sont en cours pour évaluer bien d’autres aspects de l’antibiorésistance à cette triple échelle. Pour rappel, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a indiqué que « 5 500 décès humains par an en France sont liés à l'antibiorésistance »3.