Gestion des fractures chez le cheval – Partie 1 - La Semaine Vétérinaire n° 2044 du 30/08/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2044 du 30/08/2024

Orthopédie

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Marine Neveux

Fabrice Rossignol (T92), spécialiste en chirurgie à la clinique équine de Grosbois, Val-de-Marne. Dipl ECVS. D’après la conférence intitulée « Ma première fracture, mayday ! » présentée lors de la journée européenne de l’Association vétérinaire équine française en mars 2024, à Roissy.

La prise en charge de la fracture nécessite en premier lieu un diagnostic, avec la réalisation de radios qui permettront une immobilisation adaptée à la configuration de la fracture. L’immobilisation est indispensable pour restaurer le confort, réduire le stress de l’animal, limiter le déplacement de la fracture, voire éviter une perforation.

Après stabilisation, le choix thérapeutique est effectué avec des paramètres techniques, mais aussi humains et financiers. Il convient de rester dans sa mission pour le propriétaire.

Fractures de phalange

Pour les fractures simples de phalange, on doit lutter contre la force de distraction latéromédiale de la phalange 1 (P1). On a besoin de comprimer la phalange par un pansement de type Robert Jones. Dès que ces fractures deviennent plus instables parce que bi-articulaires ou latérales, la douleur est plus intense. Il faut multiplier les vues radiographiques.

Sur les fractures P1 bi-articulaires, on ajoute deux tasseaux en bois ou en médium, et l’on applique ensuite un pansement deux couches de chaque côté, plus une bande adhésive élastique, voire un plâtre sole à plat.

Le traitement chirurgical est recommandé en règle générale. L’ostéosynthèse par vis en compression va améliorer le confort immédiat et réduire la contention externe, et restaure le confort et la mobilité articulaire, donc prévient les risques d’arthropathie, de non-union. Cela prévient les complications de fractures comminutives.

Sur des fractures plus instables comme des fractures bi-articulaires, l’ostéosynthèse est recommandée.

Fractures condylaires

Les fractures condylaires touchent essentiellement les chevaux de course. La gestion et le pronostic sont différents selon la configuration. Lors de fracture condylaire latérale déplacée, le ligament collatéral latéral, qui est directement inséré sur le fragment fracturé, est atteint, l'instabilité est donc nette. On va procéder à une contention avec des tasseaux en mettant la sole à plat.

Pour une fracture condylaire médiale se propageant proximalement en spirale, « théoriquement, on ne met pas de plâtre, car on va stresser la partie proximale du canon. On met un pansement Robert Jones qui monte jusqu’au coude avec une attelle latérale (jusqu’au haut du tibia) et une attelle plantaire (qui s’arrête en haut du calcanéum). On conseille l’ostéosynthèse sur les fractures condylaires latérales non déplacées si le cheval est destiné à continuer sa carrière ». Sur des chevaux réformés, un traitement conservateur peut être suffisant.

Pour les fractures condylaires postérieures se propageant proximalement, il est indispensable de neutraliser la fracture. « Nous plaçons une plaque et des vis, on comprime l’articulation avec des vis et on neutralise les forces de distraction par notre plaque tunnelisée. On retire la plaque à deux mois et demi ».

Non déplacées (incluant condylaires médiales), les fractures simples du boulet ont un bon pronostic sportif (70 à 80 %).

Lors de fractures déplacées, le pronostic est moins bon et dépend des lésions cartilagineuses en région palmaire et plantaire. La convalescence est de trois à six mois.

Les fractures comminutives

En termes de biomécanique, on a une composante frontale instable avec une distraction dorso-palmaire. Il convient d’aligner les corticales dorsales. Dans l’urgence, l’attelle de Monkey est utile. Sur les membres postérieurs, on utilise les attelles de Kimsey. Pour le transport, il est mieux de faire un plâtre. Les fractures P1 comminutives sont assez fréquentes, toutes disciplines, et lors d’accidents de paddock. Il n’y a pas de fragment bi-articulaire, donc il n’y a pas de reconstruction possible. Le pronostic est réservé à long terme, les chevaux risquent de développer des arthropathies. On reconstruit par un plâtre transfixant, fixateur externe qui prévient l’effondrement, puis un plâtre normal.