Enseignement
ANALYSE MIXTE
Auteur(s) : Par Tanit Halfon
L'École vétérinaire de Nantes est la seule à proposer un module spécifiquement dédié à l’aquaculture en dernière année d’études. Le point avec sa responsable, Ségolène Calvez, professeure en aquaculture et pathologie aquacole, et microbiologiste de formation.
Comment s’organise la formation initiale pour la pratique vétérinaire dans le secteur aquacole ? Est-ce commun aux quatre Écoles nationales vétérinaires ?
Aujourd’hui, cet enseignement est davantage développé à Oniris VetAgroBio. En 4A, nos étudiants suivent dix heures de formation qui permettent d’aborder la filière aquacole, notamment la production de la truite arc-en-ciel, et d’aborder la démarche diagnostique. Outre les cours magistraux, des séances de travaux pratiques permettent de réaliser des gestes de base de manipulation de ces animaux comme l’anesthésie, la prise de sang ou l’euthanasie. Nous abordons aussi les coquillages durant les cours. Une heure d’enseignement supplémentaire est dédiée à la filière pêche. En 5A, des visites de terrain sont organisées, par petits groupes. Je dispense aussi des enseignements à l’École nationale vétérinaire d'Alfort (cinq heures) et VetAgro sup (trois heures) en présentiel ou distanciel. À l'École nationale vétérinaire de Toulouse, les cours sont assurés par d’autres enseignants.
Au-delà du tronc commun, Oniris est la seule école à proposer un module en dernière année d’études, spécifiquement dédiée à l’aquaculture. Il est optionnel et dure quinze jours. Il est ouvert aux étudiants en dernière année des quatre écoles ainsi qu’à la formation continue. Il inclut des cours magistraux en collaboration avec des vétérinaires du terrain du secteur libéral et de la recherche, ainsi qu’une semaine de visites et des manipulations à la station aquacole de l’école.
Y a-t-il beaucoup d’étudiants intéressés ?
Pour le module optionnel de 6A, suivant les années, nous avons entre quatre à huit étudiants, majoritairement des personnes toujours en formation initiale. Tous ces étudiants ne se destinent pas forcément au secteur, mais peuvent suivre l’option uniquement par curiosité intellectuelle. C’est la même chose pour les sujets de thèse d’exercice en fin de cursus, qui peuvent être menés par des étudiants qui n’exerceront pas dans ce secteur. Ceux qui y vont sont généralement des passionnés depuis longtemps, et intéressés par la médecine collective. Ils compléteront leur formation directement auprès de leurs pairs. Pour aller plus loin dans la formation académique, il faut se rendre à l’étranger. En Écosse, à Stirling, un master en aquaculture est très réputé. Sur le terrain toutefois, ce n’est pas toujours facile de trouver sa place. Il y en a peu, sachant qu’en France, nous avons la particularité d’avoir un pool de vétérinaires praticiens indépendants. D’autres pays n’ont pas fait le choix de notre système libéral pour les productions aquacoles. Par exemple, en Grèce, cela fonctionne via les services régionaux vétérinaires. Dans d’autres pays, les vétérinaires sont intégrés en tant que salariés à des grosses structures privées du secteur aquacole. Dans ce petit milieu, c’est à l’étudiant de montrer sa motivation auprès des structures vétérinaires.
Comment maintenir la compétence vétérinaire dans un secteur aquacole structurellement en déficit* depuis de longues années ?
Le secteur vétérinaire se maintient depuis plusieurs années, malgré les aléas qu’ont pu connaître les filières d’élevage. Leur volume d’exercice reste assez stable. Le nombre d’étudiants souhaitant s’engager dans la filière aquacole est anecdotique, mais cela suffit pour l’instant pour le renouvellement des générations. Pour augmenter les vétérinaires du secteur, il faudrait accroître la production, ce qui dépend fortement d’une volonté politique. Ceci dit, à l’heure actuelle, je pense que l’activité vétérinaire pourrait davantage se développer en conchyliculture, même si d’autres corps professionnels y sont déjà bien implantés. Il faudrait y gagner sa place.