Livre
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Propos recueillis par Amandine Violé
Alors que la population canine et féline vieillit, la gériatrie vétérinaire pourrait devenir une discipline essentielle. Sara Hoummady (A 13) et Vinciane Roger (N 17) publient Accompagnement de l’animal âgé, un guide pratique qui aborde la prise en charge de ces animaux, vise à améliorer leur qualité de vie et à promouvoir le concept de « bien vieillir ». Entretien.
Alors que l’enquête annuelle de la Facco* sur le parc des animaux familiers révèle un vieillissement de la population canine et féline française, la médecine gériatrique pourrait bien s’imposer à l’avenir comme une discipline à part entière. Dans cette perspective, Sara Hoummady (A 13, master en éthologie, PhD en physiologie) et Vinciane Roger (N 17, DE de cinésiologie, physiothérapie, rééducation fonctionnelle) proposent – dans l'ouvrage qu'elles publient aux Éditions du Point Vétérinaire à destination des vétérinaires et ASV – une synthèse des connaissances actuelles sur le vieillissement biologique et comportemental du chien et du chat, et comment s'occuper de ces animaux âgés. Sara Hoummady revient sur la genèse de ce projet.
Quelle est la place de la gériatrie vétérinaire à l’heure actuelle ?
La gériatrie n’est pas encore une spécialité à part entière. Or, la population de nos animaux domestiques vieillit de plus en plus : un chien passera donc plus de temps « vieux chien » que chiot. Ainsi, la médecine gériatrique est peut-être l'avenir de notre métier ! Parallèlement, de plus en plus d’études scientifiques s'y consacrent. D’ailleurs, le chien a été pendant longtemps un modèle d’étude pour le vieillissement humain, notamment concernant les dysfonctions cognitives. Le chat a été moins étudié mais des données théoriques nous permettent de mieux comprendre l’animal senior dans toutes ses spécificités.
Existe-t-il une définition du « vieil » animal ?
Il est important de définir ce qu’est le vieillissement biologique sain et à quel moment on considère qu'il devient pathologique. Nous l'expliquons dans la première partie du livre. Par ailleurs, cette notion est étroitement liée à la question de l’âge. Or, si vous prenez deux golden retrievers de 12 ans, l’un semblera peut-être plus vieux que l’autre, malgré leur âge identique. C’est pourquoi il existe des modèles qui permettent de penser au-delà de l’âge ; celui de la fragilité en fait partie. L’évaluation de l’état de fragilité (qui, en médecine vétérinaire, intègre cinq critères : endurance, force musculaire, activité, perte de poids non intentionnelle, mobilité) est intéressante car il a été montré que les patients considérés comme fragiles présentent un risque accru de mortalité.
Quelles sont les notions que vous abordez dans le livre ?
Il a été pensé comme un manuel d’accompagnement pratique de l’animal âgé, chien et chat confondus. Si la première partie revient sur quelques notions scientifiques autour du vieillissement, la suite s’articule plus autour d’outils pratiques à destination du vétérinaire et de l’ASV afin d’améliorer leur prise en charge. Comment mettre en place une consultation gériatrique ? Comment évaluer la qualité de vie d’un senior ? De nombreuses questions sont abordées, celle de la nutrition, de la gestion de la douleur, de l’utilisation des compléments alimentaires, de l’enrichissement de l’environnement, etc. sur la base des consensus publiés et d’avis de spécialistes. Il y a également une section consacrée à la fin de vie et la gestion émotionnelle du deuil, tant pour le propriétaire que pour nous qui y sommes confrontés. L’idée est que le vétérinaire puisse créer une véritable alliance thérapeutique avec le propriétaire grâce aux outils mis à sa disposition.
S’oriente-t-on vers une idée du « bien vieillir » aussi chez nos animaux domestiques ?
Tout à fait ! Être âgé n’est pas une fatalité ! Et les mentalités changent. Alors qu’auparavant on laissait peut-être plus facilement un vieux chat ou chien finir sa vie dans son coin sans trop l’embêter, la donne a changé. Les Anglo-Saxons parlent d’ailleurs maintenant d’animal “super senior” et non plus d’animal “gériatrique”, la connotation est bien trop négative ! Nous avons donc tout intérêt à nous engager pour aider les chiens, les chats et les humains à vivre plus longtemps et en meilleure santé, ensemble.