Analgésie
PHARMACIE
Auteur(s) : Sarah André Conférencier Thierry Poitte (T 83), fondateur du Réseau Cap douleur, praticien à l’île de Ré. Article rédigé d’après une visioconférence intitulée « Préparation magistrale et douleurs : gestion des ruptures et rappels de réglementation », présentée le 8 juillet 20241.
La prise en charge de la douleur chronique en médecine canine et féline peut s’avérer être un véritable défi pour le praticien. Entre ruptures de certaines spécialités vétérinaires ou encore une galénique mal adaptée, les préparations magistrales semblent être une bonne alternative ; d’autant plus au vu de la prévalence des douleurs chroniques chez les animaux de compagnie. Ainsi, Thierry Poitte a exposé qu’en médecine humaine sur plus de dix millions de Français arthrosiques, 65 % ont plus de 65 ans. Des chiffres similaires sont retrouvés en médecine vétérinaire : 70 % des chiens qui présentent une arthrose radiologique ont plus de 8 ans, et 90 % des chats plus de 12 ans.
De plus « dans les douleurs chroniques, il n’y a pas que des douleurs arthrosiques. Même si elle est la première cause de douleurs chroniques chez le chien, il existe de nombreux autres motifs de douleurs chroniques », a indiqué Thierry Poitte. Ainsi, les douleurs chroniques postopératoires, les douleurs viscérales, le prurit cervico-facial, certains cancers, etc. constituent autant d’autres exemples rentrant dans les douleurs chroniques en médecine féline.
Une préoccupation thérapeutique
Divers constats de Thierry Poitte relatifs à la prise en charge de cette douleur chronique sont consécutifs à une balance bénéfices/risques insatisfaisante en ce qui concerne les douleurs neuropathiques : « Les ratios d’efficacité sont faibles tant pour les gabapentinoïdes que pour les psychotropes », déclare-t-il. En effet, concernant les animaux de petits formats, les posologies peuvent être difficilement respectées, de même pour la galénique qui n’est parfois pas adaptée à l’animal. De plus, pour certaines espèces, quelques molécules n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché. Enfin, l'approvisionnement s'avère être aussi une source de complication.
Quelles alternatives ?
Définies dans le code de la santé publique comme « tout médicament préparé selon une prescription médicale destinée à un malade déterminé lorsqu'il n'existe pas de spécialité pharmaceutique adaptée ou disponible… »2, les préparations magistrales apparaissent alors comme une bonne alternative pour répondre à ces difficultés. Leurs avantages sont multiples puisqu'elles permettent d’avoir un dosage adapté au poids de l’animal, de faire office de solution alternative lorsqu’une spécialité vétérinaire est en rupture3, de servir de traitement quand aucune spécialité vétérinaire n’est disponible pour l’espèce concernée, ou encore lorsque la forme galénique n’est pas adaptée au poids de l’animal.
Toutefois, la réglementation impose de prendre en compte plusieurs mesures. En effet, les préparations magistrales apparaissent en troisième position dans la cascade de prescription4. De plus, des mentions précises sont attendues dans la rédaction de l’ordonnance qui les concerne (mentions classiques, composition exacte, posologie, trait vertical, etc.). La mention « Prescription selon l’article 112 du règlement EU 2019/6 » doit également y figurer. Pour la réalisation de préparations magistrales vétérinaires, un contrat de sous-traitance doit également être complété et signé. Enfin, des règles de traçabilité s’imposent au praticien, qui doit notamment coller une étiquette sur chaque flacon.