Oncologie
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Tarek Bouzouraa
Les tumeurs mammaires sont fréquentes chez la chienne. La moitié d’entre elles environ sont malignes, avec à terme, un potentiel métastatique. Les tumeurs sont majoritairement mixtes chez la chienne, ce qui réduit a priori la pertinence et l’apport potentiel de l’analyse cytologique dans l’espèce. Ainsi, des études anciennes présentaient des résultats en défaveur de l’emploi de l’analyse cytologique dans la démarche diagnostique, face à une masse mammaire. Cependant, des données plus récentes décrivent une précision allant jusqu’à 97 %, pour différencier les tumeurs bénignes et malignes et orienter le pronostic. Par ailleurs, l’analyse cytologique aide à différencier des masses mammaires et extra-mammaires, permettant également d’orienter la prise en charge. Une étude* explore les habitudes des cliniciens face à des masses mammaires chez la chienne, dans quatre pays européens.
La cytologie largement utilisée
Un questionnaire a été diffusé auprès des vétérinaires en Italie, Angleterre, Grèce et Espagne. Il présente 15 questions permettant de connaître les habitudes de 465 praticiens dans ces pays, dont 380 généralistes (82 %), 48 spécialistes (10 %), 19 résidents (4 %), 5 internes (1 %) et 12 « autres » (3 %). La plupart de ces praticiens ont confirmé employer l’analyse cytologique dans le cadre de leur démarche (92 % à 99 %), sans différence de fréquence entre les différents pays sondés, ni entre généralistes et spécialistes.
Le recours à l’analyse cytologique en présence de masse mammaire n’était pas très important au sein de la population générale (40 à 60 %), sans différence entre pays, mais avec cependant une différence entre les généralistes (40 %) et les spécialistes (57 %, p=0.029). Le recours à l’analyse cytologique dans cette configuration avait un impact sur les décisions médicales essentiellement en Angleterre (79 %) et en Grèce (75 %).
Les praticiens avaient la possibilité de justifier leur choix d’employer (ou non) l’analyse cytologique dans leur démarche. La réponse majoritaire est que l’analyse permet de planifier la suite de la prise en charge, suivie par la capacité d’exclure une nature inflammatoire et, en dernier, le fait que l’analyse cytologique permet d’affiner le pronostic. Les arguments contre l’emploi de la cytologie sont une histogenèse incertaine, la préférence pour la biopsie excisionnelle ou l’exérèse directe pour analyse histologique, puis le fait que l’analyse cytologique préalable ne modifie pas le plan de prise en charge.
D’autres indicateurs utiles non explorés
Le questionnaire n’a pas évalué si certains praticiens (notamment spécialistes) employaient l’analyse cytologique extemporanée plutôt qu’en laboratoire par un cytologiste. Par ailleurs, aucun élément n’a été demandé, au regard de la répercussion des coûts d’analyse sur le choix de la pratiquer ou non, notamment pour des raisons financières. Il aurait été également possible de savoir s’il existait un lien entre l’expérience du clinicien et sa tendance à réaliser une analyse cytologique dans le contexte du masse mammaire.
L’étude en question a démontré que l’analyse cytologique était tout de même régulièrement employée dans plusieurs pays pour explorer une masse mammaire, mais qu’il restait délicat d’apporter des réponses claires, quant à la pertinence de cet examen.