Annie Genevard, nouvelle locataire de la rue de Varenne, investie en période de crises - La Semaine Vétérinaire n° 2050 du 04/10/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2050 du 04/10/2024

Politique

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Par Marine Neveux

La feuille de route de la ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire se déploie progressivement alors que son discours de passation, prononcé le 23 septembre, pointait déjà un engagement pour faire face aux crises agricoles. Côté vétérinaire, les attentes sont là aussi nombreuses.

« Ce ministère est un ministère de crises », ironise Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture sortant du gouvernement Attal. Il tempère bien entendu ce propos et pointe que ce ministère est aussi celui qui doit redonner du sens, notamment devant les défis que sont le changement climatique et les attentes sociétales.

Le contexte est en effet particulier, sur fond de crises, entre autres sanitaires. Dans son discours de passation de pouvoir, le 23 septembre dernier, Annie Genevard, la nouvelle locataire de la rue de Varennes, affirme son engagement face aux crises agricoles en cours. « L'attente dure depuis longtemps, une crise sanitaire grave dans l'élevage, trop d'eau dans certaines régions, pas assez dans d'autres, la baisse des rendements dans presque tous les secteurs de production, notamment pour les céréales, nous sortons de la pire moisson depuis quarante ans, mais aussi dans la viticulture. Tout cela fragilise gravement les exploitations et leur trésorerie », constate-t-elle. Les défis auxquels doit faire face Annie Genevard sont nombreux, en articulation avec le ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, dirigé par Agnès Pannier-Runacher. Un équilibre entre compétitivité économique et écologie pas toujours évident.

La loi d’orientation agricole en ligne de mire

Côté vétérinaire, la loi d’orientation agricole devra aborder certains sujets. Gelées avec la dissolution de l’Assemblée nationale au printemps dernier, les discussions autour du projet de loi d’orientation sur l’agriculture pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture, outre ses mesures visant à répondre aux attentes du monde agricole, remettra sur le tapis la délégation d’actes vétérinaires aux auxiliaires spécialisés vétérinaires. L’article 7 trouvera-t-il le même écho ? Cet article du projet de loi autorisait en effet des auxiliaires spécialisés vétérinaires salariés d'un vétérinaire ou d'une société de vétérinaires, ou employés d’une école vétérinaire, à pratiquer dans un établissement de soins vétérinaires, sous la responsabilité d’un vétérinaire présent, les actes de médecine ou de chirurgie vétérinaire figurant sur une liste fixée par arrêté du ministre chargé de l’agriculture, s’ils justifient de compétences certifiées par le Conseil national de l’ordre des vétérinaires après une formation. Retour, donc, à la case départ pour le chemin parlementaire ! 

« La loi d'orientation pour la souveraineté agricole dont j'espère bien, et je veux le dire clairement, que nous la mènerons rapidement à son terme. Elle est attendue et je veux, sur ce point, assurer les agriculteurs, les formations professionnelles et syndicales de ma détermination à la faire aboutir », explique la ministre lors de la passation de dossiers. À suivre.

Autre attente de la profession : la parution d décret sur le suivi sanitaire permanent.

Compétitivité et craintes

Quelle compétitivité de l’agriculture face à l’Europe et au monde ? Mais aussi quelles avancées ou quels reculs doit-on craindre dans les mesures actées au niveau de l’Europe ? Annie Genevard entend faire avancer le dossier des clauses miroir. « “Souveraineté alimentaire”, le mot est donc important dans l'intitulé de ce ministère, comme celui de la “forêt”, disparu depuis une dizaine d'années et heureusement réintégré, tant, là aussi, les enjeux sont importants », rappelle la ministre.  Du côté de la défense des animaux, les associations de protection animale sont sur la réserve, voire la critique vivement, reprochant à la nouvelle locataire ses affinités pour les élevages intensifs plutôt que pour la bientraitance animale.