Les biothérapies intègrent la prise en charge des douleurs arthrosiques - La Semaine Vétérinaire n° 2050 du 04/10/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2050 du 04/10/2024

Biotechnologies

PHARMACIE

Auteur(s) : Sarah André

Conférencier

Thierry Poitte (T 83), fondateur du Réseau Capdouleur, praticien à l’île de Ré.

Article rédigé d’après une visioconférence intitulée « Les biothérapies dans la prise en charge de l'arthrose », présentée le 17 septembre 20241.

Qu’est-ce que les biothérapies ? Thierry Poitte a ainsi rappelé qu’étymologiquement il s’agit de traitements issus du vivant, mais une définition de 2019 donne la précision suivante « médicaments produits par génie génétique versus par synthèse chimique. » Il s’agit donc de substances issues de bactéries ou de cellules animales ayant génétiquement été modifiées pour les produire, par exemple des anticorps monoclonaux, des cellules souches, des facteurs de croissance, etc. Dans le cadre des douleurs liées à l’arthrose, Thierry Poitte propose la méthodologie suivante « commencer par toujours s’intéresser aux mécanismes de la douleur sous-jacente ; deuxièmement évaluer de façon quantitative, qualitative et dans le suivi […] et la troisième étape est de proposer un projet qui devra toujours être multimodal, pluridisciplinaire, personnalisé et fondé sur une alliance thérapeutique ».

Une approche multimodale

Les biothérapies rentrent pleinement dans une stratégie thérapeutique multimodale, notamment les anticorps monoclonaux et les cellules souches. Prudence néanmoins car il convient de distinguer maladie arthrosique de douleurs arthrosiques avant de mettre en place un traitement chez un animal. Par exemple, lorsque l’objectif est de ralentir la progression de l’arthrose, les DMOAD (pour Disease-Modifying Osteoarthritis Drugs) sont une classe thérapeutique, elles ont « l’ambition d’être des traitements à la fois plus efficaces et surtout disruptifs, c’est-à-dire qu’ils s’intéressent à l’étiopathogénie de l’arthrose. » Plusieurs recherches sont toujours en cours sur le sujet. « Les cellules souches sont-elles considérées comme un DMOAD ? Peut-être, parce qu’il y a un effet trophique qui favorise la chondrogenèse endogène et qui, donc, pourrait remplir cet objectif de DMOAD », a ajouté Thierry Poitte. Dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire, le praticien doit aussi réfléchir à la prise en charge nutritionnelle, biomécanique et kinésithérapique (massages), au recours à la physiothérapie (laser, hydrothérapie, etc.), à l’ergothérapie (dispositifs pour aider le chien à monter et descendre de la voiture, etc.), à des exercices de retour progressif à la mobilité, aux aliments complémentaires et proposer la solution des DMOAD.

Les anticorps monoclonaux

Il s’agit d’immunoglobulines monoclonales produites par un seul type de lymphocytes B en culture. Mais comment fonctionnent-ils2 ? Thierry Poitte a expliqué leur mécanisme comme suit : « on fait appel aux ressources immunitaires de l’individu avec la fixation sur une cible de cet anticorps monoclonal, on va rechercher à fixer l’antigène choisi grâce à un anticorps monoclonal. Le but est de neutraliser une cible, la cible choisie pour les anticorps monoclonaux c’est le NGF3, un acteur aux multiples rôles sur la nociception et l’inflammation. » Avec les anticorps monoclonaux anti-NGF, le NGF ne peut plus se fixer sur son récepteur. De plus, « l’efficacité antalgique est reconnue », a précisé le conférencier.

Les cellules souches mésenchymateuses

Une cellule souche est définie comme une cellule indifférenciée « qui a un potentiel de différenciation en au moins un type cellulaire et capable de s’autorenouveler en maintenant un état différencié. » Les cellules souches mésenchymateuses sont multipotentes, elles se différencient donc dans un même feuillet embryonnaire (le mésoderme). Concernant les articulations, « il existe des cellules progénitrices au niveau du cartilage. Il y a donc une chondrogenèse endogène qu’il est possible de stimuler à partir du moment où on va intervenir suffisamment tôt », comme l’a précisé Thierry Poitte. Quatre effets peuvent être obtenus avec les cellules souches mésenchymateuses : anticatabolique (où le cartilage est ciblé), anti-inflammatoire (où la membrane synoviale est ciblée), immunomodulateur et trophique. Quoi qu’il en soit, les objectifs doivent être réalistes et le praticien doit prendre en compte à la fois « la composante fonctionnelle et émotionnelle de la douleur. » Injecter des cellules souches ou des anticorps monoclonaux doit être précédé d’une évaluation.

  • 1. En partenariat avec le laboratoire Dômes Pharma. Replay disponible sur CAPdouleur Série.
  • 2. Pour plus d’informations, un dossier sur les anticorps monoclonaux avait été rédigé par Thierry Poitte dans Le Point Vétérinaire n° 431 du 1er juillet 2022, disponible ici : https://urlz.fr/sllt
  • 3. Nerve Growth Factor (facteur de croissance nerveuse).