Bien-être animal
ANALYSE MIXTE
Auteur(s) : Par Clothilde Barde
Afin d'étayer la révision en cours du règlement de l'Union européenne sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort, l'Autorité Européenne de sécurité des aliments a publié1 des propositions afin de réduire les effets néfastes de cette étape à la ferme pour les ovins et les caprins.
« S'ils ne sont pas étourdis efficacement, les ovins et les caprins peuvent ressentir une douleur et une peur intenses lors de la mise à mort », estiment les experts de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA pour European Food Safety Authority) dans un rapport publié le 26 juin 20241. En effet, chaque étape de l'abattage des ovins et des caprins à la ferme – le pré-abattage puis la mise à mort – peut avoir des conséquences néfastes sur le bien-être animal (BEA). Or, il est parfois nécessaire d'abattre les petits ruminants au sein même de l’exploitation, soit individuellement (animaux improductifs, blessés ou en phase terminale), soit à grande échelle (dépeuplement à des fins de lutte contre les maladies ou de contamination de l’environnement, gestion des catastrophes, etc.). Pour identifier ces dangers sur le BEA, définir des critères qualitatifs ou mesurables et fournir des mesures préventives et correctives, les experts de l’EFSA ont notamment examiné les publications scientifiques les plus récentes. Ils ont alors pu lister les méthodes, procédures ou pratiques qui semblent inacceptables et devraient être évitées, repensées ou remplacées par d'autres. Ainsi, il semblerait que les moutons et les chèvres éprouvent de la douleur et de la peur avant l'abattage lorsqu'ils sont limités dans leurs mouvements et blessés mais aussi s'ils sont inefficacement étourdis ou reprennent conscience au moment de l'abattage. L'étape de mise à mort doit également leur épargner une douleur, une détresse et des souffrances inutiles et, par conséquent, minimiser la douleur et la peur en les rendant inconscients le plus rapidement possible avant de provoquer la mort.
Divers dangers identifiés
En exploitation, les moutons et les chèvres peuvent être abattus suivant un processus mécanique, électrique ou par injection létale. Selon les conclusions du rapport, il semblerait que, pour les méthodes électriques, une contention inappropriée, un mauvais placement des électrodes, un mauvais contact électrique, une durée d'exposition trop courte ou des paramètres électriques inappropriés peuvent conduire à un étourdissement inefficace. En ce qui concerne l'abattage par des méthodes mécaniques, les risques sont différents suivant la technique adoptée. Ainsi, pour l'étourdissement par pistolet à tige captive, les risques proviennent d'une position et d'une direction incorrectes du tir, de l'utilisation de paramètres incorrects du pistolet à tige captive et d'une surchauffe de ce dernier. Le percuteur non pénétrant appliqué sur la ligne médiane, entre les oreilles, le menton rentré dans le cou, est une méthode d'étourdissement qui devrait être utilisée seulement pour les agneaux et les chevreaux pesant jusqu'à 4,5 kg. Enfin, comme le coup de percussion à la tête, actuellement autorisé pour les agneaux et les chevreaux de moins de 5 kg, est un processus entièrement manuel, l'énergie d'impact délivrée au cerveau varie et peut ne pas toujours être suffisante pour provoquer une perte de connaissance et la mort immédiates. Selon les experts, les principaux dangers qu'ils ont identifiés tout au long du processus d’abattage dans les exploitations étaient dus au manque de compétences et de formation du personnel ainsi qu'à des installations mal conçues ou mal construites. Avec ce rapport, l'Union européenne dispose dorénavant d'une base scientifique pour les discussions futures au niveau international sur le BEA dans le contexte de la mise à mort.