C’est avec beaucoup d’émotion que j’écris ces quelques mots... - La Semaine Vétérinaire n° 2055 du 08/11/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2055 du 08/11/2024

Hommage

COMMUNAUTE VETO

Auteur(s) : Hervé Laforge

Je ne pourrai pas tout raconter d’une relation longue et significative avec Michel Klein, figure emblématique du milieu vétérinaire, car il faudrait y consacrer un livre. L'homme a eu un impact majeur sur ma carrière, mais aussi sur le développement de la profession en France. De notre première rencontre en 1973, alors que j'étais étudiant à l’École nationale vétérinaire d’Alfort, jusqu’au rachat de sa clinique en 1995, et pendant de nombreuses années ensuite, nous avons partagé des moments clés, en commençant par ce premier voyage aux États-Unis, où il m’a fait connaître les figures influentes de la médecine vétérinaire outre-Atlantique à l’Animal Medical Center de New York, fin 1973. J’ai eu la chance de travailler avec lui ou d’être à ses côtés pendant plus de cinq décennies, un privilège rare qui a permis d’être témoin et acteur de l’évolution d’une carrière exceptionnelle.

Sa disparition, bien qu’attendue à son âge avancé, laisse un vide à la fois personnel et professionnel. Ce type de relation, tissée pendant tant d’années et d’expériences partagées, est profondément marquant. J’ai vécu avec lui une période fascinante pour le domaine vétérinaire, ponctuée par des rencontres influentes et des avancées techniques. Travailler avec lui à partir de 1981 dans une clinique aussi moderne que celle de la rue Linois (les CHV n’existaient pas encore), dans le 15e arrondissement de Paris, avec un incroyable bloc opératoire hyper sophistiqué et des équipements de pointe pour l’époque, a été une expérience très enrichissante. Le tout nouveau quartier de Beaugrenelle, alors encore en plein développement, a dû ajouter à l’excitation de travailler dans son équipe.

Ses célèbres colères, qui contrastaient avec sa gentillesse et son esprit d’innovation, reflétaient bien sa personnalité complexe. Son appétit pour les nouvelles technologies et son envie de toujours être en avance ont sans doute contribué à sa renommée, mais ont aussi pu susciter quelques jalousies au sein de la profession.

Son parcours a été richement honoré : Légion d’honneur remise par le Premier Ministre Édouard Balladur, médaille du Sénat décernée par son président Gérard Larcher, médaille de l’Ordre des vétérinaires attribuée par son président Jacques Guérin, médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris donnée par le maire du 15e Philippe Goujon. Et encore, je ne cite ici que les cérémonies où j’ai été convié !

Tout cela témoigne de l’importance de son travail non seulement en tant que vétérinaire, mais aussi en tant qu’homme engagé, résistant de la première heure dans le réseau Prunus lorsqu’il était encore étudiant à l’École vétérinaire de Toulouse.

RIP, mon très cher Michel

  • Notre confrère Gérard Larcher, président du Sénat, a également salué « la mémoire du vétérinaire le plus célèbre du petit écran, Michel Klein, qui a su être un centenaire cultivant toutes les choses qui donnent envie de vivre, cet amour des autres, des animaux, de la nature, et tout ce qui fait le sel de la vie ».